Violences et traumatismes intrafamiliaux. Comment cheminer entre rigueur et créativité

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DUC MARWOOD Alessandra et REGAMEY Véronique, Éd. érès, 2020, 324 p.

Trop souvent, l’action menée par les thérapeutes restent invisibles. Leurs efforts pour accompagner les traumatismes ne reçoivent pas la reconnaissance qu’ils mériteraient. Avec cette parution, à laquelle ont participé une dizaine de contributeurs, voilà cette déperdition réparée. A l’occasion des dix ans de fonctionnement de l’unité Boréales (CHU Vaudois en Suisse), les pratiques professionnelles qui s’y déploient font l’objet d’un coup de projecteur bienvenu.

S’il est bien une constante communément rencontrée, là comme ailleurs, c’est le déni qui se déploie tant dans les familles à transaction violente ou incestueuses que chez les intervenants qui les accompagnent. Déni dans le cercle familial quant aux faits ou aux actes posés et aux intentions préalables, à la responsabilité de ce qui a été accompli et à l’impact ou aux conséquences induits. Mais aussi déni ou dramatisation des professionnels à l’écoute des évènements traumatiques vécus par autrui. Les vagues d’émotion et le sentiment d’impuissance ressentis font émerger gêne, malaise, froideur, distance, angoisse excessive, curiosité, fascination, identification … Toutes ces réactions sont loin de la neutralité thérapeutique si souvent revendiquée.

C’est en réaction à ces attitudes que le modèle clinique de cette unité s’est construit tout au long des années. Les priorités sont les mêmes : veiller à ce que la victime soit toujours protégée, que le premier rendez-vous intervienne dans les 48 heures et qu’une solide évaluation soit effectuée quant à la reconnaissance des violences commises et de la volonté d’être aidé. Et si une trithérapie est instaurée entre chacun des deux parents et l’enfant, chaque praticien s’identifiant aux besoins de son patient, c’est néanmoins l’intérêt de l’enfant qui reste le premier impératif qu’il soit la victime directe de la violence des adultes ou indirecte du conflit conjugal.

Privilégier la parole ou respecter le retrait, préférer aller au bout de l’expression de la souffrance ou au contraire détourner d’attention pour oublier et focaliser sur les points positifs … nombreuses sont les stratégies pour tenter de réparer les traumatismes. Après avoir consacré toute une partie à la description minutieuse des mécanismes de l’emprise et aux manifestations des émotions, de nombreux chapitres sont consacrés aux multiples outils thérapeutiques proposés par l’unité Boréales : carte conceptuelle, mandalas des émotions, dessins animaliers des familles, cartes dixit, contes, groupes de paroles. Autant de techniques largement décrites et illustrées qui ne pourront qu’intéresser les praticiens, tant il est vrai que la mutualisation des savoir-faire est toujours un plus dans l’approche thérapeutique.