Le handicap n’est pas toujours là où on le pense

« Vous avez plus de 18 ans, vous êtes en tutelle ou curatelle ? Vos droits changent ! Vous êtes libre de voter aux élections » affirme une campagne radio programmée du 7 au 23 septembre. Combien d’auditeurs ne se seront pas faits la réflexion : comment une personne en situation de handicap mental peut-elle faire un choix éclairé sur un candidat, en comprenant son programme et ses idées ? Ne va-t-elle pas déposer son bulletin de vote en fonction de la seule apparence physique ? En réalité, être ou non en situation de handicap pourrait bien ne rien changer. Deux chercheurs suisses, John Antonakis et Olaf Dalgas ont soumis 684 adultes helvétiques à une expérience édifiante : leur présenter les deux aspirants à la députation arrivés au second tour des législatives françaises de 2002, en leur demandant de trouver qui l’avait emporté. La proportion des réponses correctes s’est élevée à … 72 % ! Comment ont-ils pu deviner ? L’hypothèse retenue rejoint les études menées dans une dizaine de pays : à l’image des électeurs hexagonaux, ils ont choisi de voter pour le postulant dont l’apparence physique constituait pour eux un gage de compétence. Outre leur reconnaissance comme citoyen à part entière, ce droit de vote ne devrait pas bouleverser le paysage du personnel politique choisi par leurs électeurs, quel que soit le degré de sa déficience, en fonction de « la tête du client » !                                                                                          

 Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1262 ■ 26/11/2019