Lettre à un jeune majeur

Naître dans une famille en difficulté pour vous faire grandir dans de bonnes conditions ou pire maltraitante à votre égard constitue un handicap certain. La protection de l’enfance a pour ambition de compenser ce désavantage en vous proposant un accompagnement affectif et éducatif venant répondre aux carences de votre milieu d’origine. Cette attention court tout au long de votre enfance et de votre adolescence. Par quel miracle faudrait-il que cette bienveillance qui était encore indispensable à 17 ans et 364 jours ne soit plus nécessaire 24 heures plus tard et qu’à l’heure où intervient votre majorité, vous soyez automatiquement fin prêt pour affronter l’âge adulte ? Cette absurdité est la conséquence des décisions de certains Conseil départementaux d’utiliser les Contrats jeunes majeurs comme variable d’ajustement de leur budget, les maintenant souvent, les réduisant parfois, mais les supprimant quasiment dans certains cas. Après avoir investi 50 000 € chaque année pour vous permettre de devenir des citoyens équilibrés et apaisés, on vous laisse tomber, en ne reculant pas devant le risque de vous laisser à la rue. Quel gâchis ! Pour vous, c’est la double peine : ne pas avoir eu la chance de vivre dans votre famille et en plus être abandonné à un âge où tous vos pairs bénéficient encore de la protection parentale. A l’injustice du départ succède l’iniquité d’un dispositif qui, globalement efficient jusqu’à vos 18 ans, s’avère potentiellement funeste au-delà.