Entre liberté et sécurité

Faut-il des règles pour nous protéger contre nous-mêmes ?
Échange passionné avec un groupe de jeunes à l’annonce d’une mesure prise par une ville américaine en réaction aux 11.000 piétons blessés entre 2000 et 2011, pour avoir utilisé leur téléphone sur un passage pour piétons. L’usage en a été interdit lors de toute traversée d’une rue.  Obligation du port de la ceinture de sécurité, défense de se baigner, interdiction de consommer certains produits … sous peine d’amende. Pourquoi empêcher des comportements qui après tout ne nuisent qu’à soi-même ?

Choix cornélien
Imaginons un axe à l’extrémité duquel on place la liberté et la sécurité, à l’autre. Si l’on bouge le curseur vers la sécurité, on s’éloigne de liberté et inversement. Il faut donc se donner une priorité : on ne peut réclamer à la fois plus de liberté ET plus de sécurité. On doit accepter de voir les risques moins couverts, si l’on veut disposer de plus de latitude à faire ce que l’on veut, quand on le veut. Et l’on doit renoncer à une part de sa liberté, si l’on veut bénéficier d’une meilleure protection. Les partisans de la philosophie libertarienne revendiquent le droit de disposer de son existence à sa guise (dans la limite de l’atteinte aux droits d’autrui), accusant notre société d’infantiliser ses membres en les déresponsabilisant. Pourquoi pas ! Mais, sont-il vraiment prêts à assumer seuls  toutes les conséquences de leurs actes, sans réclamer aucun secours à la collectivité ?

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°186 ■ février 2018