Visitez, c’est gratuit!

Il y a d’abord l’économie marchande. Celle qui nous permet d’acheter des biens et des services. Mais aussi, celle qui détruit, quand la concurrence libre et non faussée, cette intransigeante loi du marché, n’est pas régulée. Vient ensuite l’économie collaborative qui organise toutes les formes de partage, d’échange et de location entre particuliers : prêt d’appartement, de voiture ou de matériel, co-voiturage, offre de place pour parquer son véhicule ou installer sa tente de camping. Cette autre forme d’échange monétaire très en vogue présente l’inconvénient majeur d’exclure les prélèvements obligatoires qui pour être souvent dénigrés n’en constituent pas moins la source des transferts de revenus vers les plus pauvres (ce sont les charges et les impôts qui financent les prestations sociales). Et puis, il y a l’économie du don qui a commencé dans les années 1970, avec les Réseaux d’échange réciproque de savoirs proposant un troc de savoir-faire. Puis, dans les années 1990, les Systèmes d’échange locaux le firent aussi, mais en introduisant une unité de valeur pour réguler les relations. Aujourd’hui, cette économie se diversifie à bas bruit, petit à petit : boutique sans argent où l’on peut faire ses emplettes sans rien payer, vide grenier où tout est gratuit, « incroyables comestibles » mis à disposition gracieusement par celles et ceux qui font pousser fruits et légumes. Le tourisme n’échappe pas à ce mouvement alternatif. L’association des Greeters, créée en 1992 à New-York et importée en France dans les années 2000 est aujourd’hui présente dans une cinquantaine de villes. Son principe ? Des bénévoles proposent gratuitement une balade de leur localité où ils vivent. Il n’est question ni d’argent, ni de troc. Offrir et recevoir, don et contre don, proposer une relation et l’accepter s’articulent ici à travers une rencontre authentique, un plaisir partagé et un échange d’humanité. Une forme de résistance à la marchandisation, en quelque sorte.
 
http://www.francegreeters.fr
 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1212 ■ 07/09/2018