Pour une co-construction

Une nouvelle approche émerge en animation : la pédagogie de la liberté. Qu’en penser ?

Laisser à l’enfant le choix de son rythme de vie, de ses activités et de la conduite du centre favoriserait son autonomisation, sa responsabilisation ainsi que sa propre gestion de ses besoins. L’ambition est noble. Surgit néanmoins les interrogations naïves du candide : faut-il les laisser se coucher au petit matin et se lever à 16h00 ? Manger à 11h30 et ne plus avoir faim à midi ? Consacrer tout le budget dans une seule animation et ne plus avoir aucun crédit le reste du temps ? 

Combattre la binarité

En éducation, on a raison de vouloir en finir avec la prétention de l’adulte à inculquer le savoir aux enfants, à modeler leurs comportements, à imposer des loisirs qu’il estime bons pour eux. Comme s’ils ne possédaient aucune compétence leur permettant, eux aussi, de poser les bonnes questions et d’apporter les bonnes réponses. Mais, pour autant, faut-il adopter la posture inverse qui place l’adulte en simple position passive d’observateur et de facilitateur, de médiateur et de personne ressource. Et si, plutôt que de les opposer, on articulait l’adulte et l’enfant, chacun complétant l’autre à partir de ses meilleurs atouts : la maturité, l’expérience et le discernement pour le premier, la spontanéité, l’imaginaire et la créativité chez le second. Chacun tiendrait alors une place respectant celle de l’autre, contribuant à son niveau, à atteindre l’objectif commun.

 

Jacques Trémintin - Journal de L’Animation ■ n°208 ■ avril 2020