Courageux précurseurs ou complètement perchés ?

Ils ont mis leur vie en phase avec leurs convictions sur la décroissance.

Anciens étudiants ingénieurs, ils ont aménagé une vieille grange au cœur du bocage normand depuis trois ans, en suivant strictement un mode de vie minimaliste : pas d’eau courante (juste le ruisseau tout proche), pas d’électricité (mais des bougies), pas de voiture (mais des vélos dotés d’une remorque bricolée), pas de meubles neufs (mais de la récupération de déchetteries), pas d’approvisionnement alimentaire (mais quatre hectares de culture biologiques)*.

Chacun son diagnostic

Cette expérience de la ferme des Bilous peut être perçue comme le symptôme d’une jeunesse qui s’interroge sur les vraies valeurs. Dépassée la société de consommation des années 60/70 ? Ringardisée la valorisation de la réussite individuelle néo-libérale des années 80/90 ? Obsolète l’abondance sans limites des années 2000 qui épuise les ressources de notre planète ? Ces jeunes ont choisi d’en revenir au mode vie qu’a connu l’humanité pendant des millénaires. Ce qui donne une autre lecture possible : celle de l’offense aux 2,1 milliards d’habitants ne disposant pas d’eau courante, au milliard n’ayant pas d’électricité et aux 820 millions qui n’ont même pas de quoi manger les châtaignes et les glands dont semblent se régaler nos étudiants. Eux auront toujours la liberté de changer de vie, s’ils le décident, contrairement aux 2,8 milliards d’êtres humains vivant avec moins de 2 $ par jour.

 

* D’après le reportage sur le site d’Ouest-France de Laurent NEVEU

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°219 ■ mai 2021