Ces adultes sont partis en Irak ou en Syrie, pour retrouver un Califat idéalisé. Sur place, ils ont déchanté … ou se sont encore plus radicalisés. Certains ont été tués. D’autres ont survécu, emprisonnés dans d’épouvantables conditions. Ils ont fait le mauvais choix, qu’ils l’assument, pense dans son écrasante majorité une opinion publique qui refuse leur rapatriement. Car, la crainte c’est de ne pas réussir à distinguer entre d’un côté des repentis qui, reconnaissant leur dérive, n’aspirent qu’à payer leur dette de sang et retrouver une place dans la société et, de l’autre, ceux qui dissimulant leurs véritables convictions n’attendent qu’une chose, jouer les kamikazes. Tout cela est connu. L’hostilité face à ces fous de Dieu est compréhensible. Ce qui ne l’est absolument pas, ce sont ces 67 % de français opposés au retour dans l’hexagone des enfants qui ont été entraînés ou sont nés dans cet enfer (sondage mars 2019). Ils seraient des bombes à retardement qui pourraient exploser dans quelques années. On préfère donc les laisser crever sur place. Présentent-ils un risque ? Oui, comme tous ces enfants soldats endoctrinés et dressés à tuer dans nombre de pays en guerre. Des programmes de réhabilitation ont été élaborés. Et ils fonctionnent. Oui, comme ces huit millions d’enfants et d’adolescents endoctrinés dans les jeunesses hitlériennes dont nombre furent envoyés au front. La fin de la guerre mettra un terme à leur conditionnement. Oui, comme ces enfants violés et maltraités sur qui pèse le soupçon d’une reproduction intergénérationnelle. Bien suivis, ils se montrent capables d’échapper à cette funeste destinée. Les enfants de DAESH doivent être accueillis. Sans la moindre assurance, ni garantie, leur avenir dépendra surtout de la bienveillance, de la tolérance et de la qualité de l’accompagnement éducatif qui leur seront proposés. Encore faudrait-il que la part de l’éducatif ne soit pas la variable d’ajustement des budgets attribués à la répression.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1269 ■ 17/03/2020