La pandémie a fait éclater au grand jour les conséquences funestes des aberrations et des aveuglements de notre société néolibérale. Et ce n’est pas demain la veille, qu’elles disparaîtront. La démission de l’Etat providence face à la prévention des épidémies aura sans doute été l’un des symboles les plus hallucinant de la gestion comptable de notre système de santé. Mais, c’est pourtant cette même classe politique coupable, à droite comme à gauche, de l’asphyxie des services hospitaliers qui s’est payé le culot de demander à la réserve sanitaire de s’attaquer à la vague de contamination, sans protection. Ce sont, une fois de plus, les « gens de peu » qui se retrouvent au front, ceux-là même qui sont depuis si longtemps réduits à la précarité. Petite devinette : quelle est la différence d’utilité sociale entre un conseiller fiscal, une aide-soignante, une caissière et un agent d’entretien ? Le premier gagne entre 2,5 et 3 fois plus que les trois autres. Renverra-t-on, après la crise, ces professions à leur condition initiale, considérant la prime de 1 000 € comme solde de tout compte ? Pas cher payé pour avoir risqué sa santé ! Le débat sur le revenu de subsistance universel aura pourtant trouvé une réponse provisoire avec ces vingt milliards d’€ de chômage partiel versés à 3,6 millions de salariés… Mais pas à ces SDF, victimes par deux fois : laissés à la rue depuis des années par manque de places d’accueil, certains ont été verbalisés, accusés de s’y trouver ! Mais, positivons : « à toute chose malheur est bon ». Après tout, les photos satellite ne montrent- elles pas la disparition des particules fines atmosphérique au-dessus de la Chine et de l’Italie, suite à la paralysie de leur économie ? Certains experts évaluent le nombre de vies sauvées du fait de l’effondrement du taux de pollution à 20 fois le nombre de vies emportées par le Covid-19. C’est le même virus qui s’attaque aux bronches qui nous permet de mieux respirer. Tout va bien !

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1272■ 28/04/2020