Les relations entre l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et les lieux de vie ne sont pas toujours très sereines. Les acteurs qui sont mêlés à ces relations mouvementées peuvent avoir de multiples facettes.

Du côté de l’ASE, on peut trouver des cadres chargés de l’agrément et du suivi administratif qui se montrent volontiers à l’écoute, aidants et bienveillants. Mais sévissent tout autant ces technocrates imbus et méprisants compensant leur déconnexion du terrain par une posture systématiquement tatillonne et inquisitrice, assoiffés de leur petit pouvoir dont ils jouissent avec délectation.

Toujours du côté de l’ASE, il est de ces référents socio-éducatifs, accompagnant le jeune confié, qui s’enferment dans le rapport de force, exigeant de tout contrôler, la moindre décision devant avoir leur aval. D’autres travaillent dans la confiance réciproque, convenant volontiers qu’une marge d’initiative est indispensable pour trouver des solutions créatrices. Du côté des lieux de vie, il en est qui s’inscrivent d’emblée dans la coopération et une saine articulation, quand d’autres fonctionnent parfois eux-mêmes dans la toute-puissance, s’estimant seuls délégataires de la situation du mineur.

Quand les crispations, les oppositions et les malentendus s’accumulent entre l’ASE et un lieu de vie, il y a surtout une victime qui trinque : le jeune confié.

Mais, il n’y a pas ici de parité. On est le plus souvent dans la configuration du pot de terre contre le pot de fer. Car, au final, le pouvoir est du côté de l’ASE. Quand elle utilise ses prérogatives pour retirer l’agrément d’un lieu de vie dont la pratique s’avère inappropriée ou maltraitante, on ne peut que l’en féliciter. Quand elle tarde à le faire, laissant une situation inadmissible perdurer, on ne peut à raison que l’en blâmer. Mais, rien n’est sans doute pire que sa décision de fermer un lieu de vie, pour faire valoir sa toute-puissance et faire plier celui qui se montre un peu trop rebelle à son diktat.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1287 ■ 19/01/2021