La prudence est mère de sureté
-
dans Billets d'humeur
L’opinion publique est régulièrement prise à témoin par une mère qui accuse le père d’agression sexuelle contre leur enfant. Sa plainte a été classée sans suite. Et ce n’est pas le parent accusé qui est sanctionné, mais l’accusatrice, un placement intervenant même parfois. La justice qui en a décidé ainsi, après l’enquête de police et l’évaluation des travailleurs sociaux, serait-elle pervertie et corrompue au point d’inverser les rôles d’agresseur et d’agressé ? Plusieurs réponses sont possibles. On peut crier à l’erreur judiciaire, au déni, à l’aveuglement. Pourquoi pas ? On peut également dénoncer l’oppression systémique patriarcale et sexiste qui impose la suprématie masculiniste. Une autre explication est possible : cette haine incommensurable et cette volonté vindicative insatiable qui envahissent certaines séparations conflictuelles. La graduation de l’agressivité peut aller de la simple mesquinerie jusqu’au meurtre. Mais cela passe aussi par l’adhésion à ces narratifs qui foisonnent sur internet désignant le pervers narcissique, l’incesteur ou l’être violent que l’autre est parfois… ou parfois pas. Qu’il est cathartique de le dénoncer comme le coupable et le manipulateur, l’identifiant comme source du mal. Sauf que l’enfant est alors pris en otage. Une théorie décriée parce que trop souvent instrumentalisée par un des parents, délégitimée pour son absence de validation scientifique et assimilée à certaines positions douteuses de son auteur, reste néanmoins un guide utile, quand il faut décrypter les témoignages d’enfants collant au langage stéréotypé d’un parent et épousant sa haine de l’autre : c’est le syndrome d’aliénation parentale. Aucune hypothèse n’est à écarter. Il y a d’un côté la certitude, l’absence de doute et la vérité sans nuance et de l’autre la réserve, le tâtonnement et la circonspection. Les travailleurs sociaux pratiquent le second registre, refusant de réagir en miroir de l’intransigeance des parties en cause.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1333 ■ 14/02/2023