Coup de colère !

Un voyageur « paraplégique incomplet » se déplaçant en béquille s’est vu sanctionné par une contrôleuse SNCF. Son tort ? Il avait pris place sur un siège réservé aux personnes à mobilité réduite. C’est vrai que voyageant en train sans son fauteuil, il y avait de quoi douter ! On hallucine. On se dit que la société inclusive est un objectif qui reste encore très éloigné. Elle recule même, comme la ligne de l’horizon, au fur et à mesure qu’on s’en approche…

Allez, on va dire que c’est lié à une ignorance crasse de cette pauvre contrôleuse. Et que la SNCF va sans doute rectifier le tir.

Pourtant, même dans les services pourtant bien informés, il arrive de constater des aberrations. Ainsi, ce Centre médico- psychologique que, par pure charité je ne désignerai pas ici, reçoit une maman accompagnant de son fils souffrant du spectre de l’autisme. Le diagnostic a été posé par deux psychiatres du pays d’origine de ce parent. Leur collègue française dédaigne les attestations que cette mère se propose de traduire : « nous allons procéder à notre propre diagnostic ». C’est vrai quoi, s’il faut à présent faire confiance à des étrangers, où va-t-on ma brave dame ? Le verdict bien de chez nous tombe enfin : « pourquoi, Madame, tenez-vous absolument à ce que votre fils soit autiste ? » s’entend reprocher cette maman. Explication : le dogme psychanalytique a encore frappé. Vous savez ce mythe qui accuse depuis les années 1960 les mères d’être castratrices et donc pleinement responsables de la psychose de leur enfant. Cette brave maman a beaucoup culpabilisé, mettant beaucoup de temps avant de réaliser que ce n’était peut-être pas elle qui avait des problèmes, mais ces psys arc-boutés sur leur dogme. Cette même doctrine qui provoque de violentes réactions de la part d’associations familiales d’enfant souffrant du syndrome de l’autisme. J’ai longtemps considéré cette hostilité comme exagérée. Aujourd’hui, je commence à la comprendre.

Mais la honte que je ressens face à une telle bêtise doctrinale allait se décupler, quand cette maman me raconta que l’école où était scolarisé son fils refusait qu’il porte en classe le casque anti-bruit. La raison ? Il ne fallait pas provoquer les moqueries de ses petits camarades. L’enfant était pourtant capable de l’utiliser quand il sentait que le bruit ambiant devenait pour lui insupportable. Que sa présence constitue une vraie chance pour les autres enfants d’apprendre la tolérance, le respect de la différence et le vivre ensemble. Que ce sont eux qu’il faut accompagner dans cette prise de conscience. Qu’une équipe pédagogique doive être garante de la sécurité et du bien-être de tout enfant quelles que soient ses difficultés. Manifestement, ce sont là des objectifs qui dépassent ces professionnels !

Je ne décolère pas, au point de proférer les pires horreurs. La moins violente est sans doute la suivante : il y a des jours où je mesure à quel point nous vivons dans un pays qui cultive parfois une terrible forme d’arriération !