L’art de la dispute

Près de six ans de billets d’humeur dans le Journal de l’animation, depuis septembre 2019. Tous n’ont pas été mis en ligne. L’occasion pour cet été 2025 de se rattraper

 

 

Contester l’avis de l’autre n’implique pas ne pas le respecter

« Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison » affirmait, en son temps, Albert Camus. Déjà coutumières sur les réseaux sociaux, la période électorale n’a fait qu’aggraver encore ces postures. L’invective est de rigueur. L’anathème est incontournable. L’ostracisme se généralise. Chacun(e) possède la « V »érité, assène ses certitudes, défend l’« évidence ». Face à ce florilège de dogmes, il n’est pas question de défendre un relativisme qui les renverrait tous dos à dos, en prétendant que tout se vaut.

Affirmatif et ouvert

Il faut continuer à s’engager pour des causes qui nous semblent justes ; à s’investir dans des combats qui nous tiennent à cœur ; à défendre les valeurs auxquelles l’on croit. Mais, s’il faut renoncer à une tentation, c’est bien celle de prendre nos interlocuteurs pour des crétins, traiter leur argumentation d’illogique, assimiler leurs convictions aux pires des conséquences. Leur réflexion possède sa propre cohérence, même si nous ne la partageons pas. Leurs raisonnements suivent leur propre cheminement, même si nous les contestons. Leur démonstration s’appuie sur des déductions que nous réfutons. Polémiquons, disputons-nous, débattons, combattons, contredisons, désavouons …. Mais, faisons vivre une discussion ouverte et un dialogue franc, en arrêtant de déshumaniser l’autre, de lui dénier tout droit à penser différemment et de diaboliser son point-de-vue.

 

Jacques TrémintinJournal de l’animation ■ n°227 ■ mars 2022