Accepter l’autre

Près de six ans de billets d’humeur dans le Journal de l’animation, depuis septembre 2019. Tous n’ont pas été mis en ligne. L’occasion pour cet été 2025 de se rattraper

 

Baignade estivale éclair sur la côte du Roussillon.

« Mais, c’est pas vrai, cette jeune femme est dans l’eau … toute habillée. Que c’est ridicule de la voir tenter de dépêtrer son long voile qui colle à sa robe ». Retour sur la plage : deux corps allongés sur leur serviette bronzent au soleil. Mais, de loin, ils semblent tout bleus. A y regarder de plus près, ils sont couverts de tatouages. « Que c’est laid ! » Bon, détournons notre regard. Sur les kilomètres qui longent la plage des dizaines de plots de béton jamais départagés au concours de la plus hideuse des architectures côtières. « Quelle drôle d’idée de prendre une location dans ces cages à touristes ». Courage, fuyons !

Identifier ses propres préjugés

On a parfaitement le droit de trouver ridicule, laid et hideux, ce que d’autres considèrent essentiel pour leur identité, leur esthétique et leurs vacances. Cela ne fait pas des premiers les représentants de l’élite du bon goût et de tous les autres des « intégristes séparatistes », des marginaux ou les otages de la vulgarité. Chacun(e) d’entre nous, nous cherchons à nous affilier à un groupe de référence, à partager les mêmes rites que nos pairs, à inscrire notre corps dans une signification explicite. Au-delà de nos pratiques apparentes, il y a une quête universelle d’appartenance qui relie celles et ceux qui s’y retrouvent et surprend ou déstabilise celles et ceux qui n'y adhèrent pas. De cette cohabitation et tolérance réciproques, naît le vivre- ensemble.

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°232 ■ Octobre 2022