« ONG Conseil » ou « Cause à effet » sont des entreprises privées, intervenant sur un créneau du marché, longtemps vierge de toute action lucrative : le démarchage dans la rue, pour des associations caritatives. Vous ne pouvez les manquer, pour autant que vous flâniez dans le centre des grandes villes. Ils vous abordent avec enthousiasme, vous faisant l’article sur des causes aussi honorables que celles d’Handicap international, de l’Association des paralysés de France ou d’Amnesty International ou encore vous présentant les actions tout aussi respectables d’Aides, de la Croix Rouge ou de Médecin du monde. C’est que ces charmants jeunes gens sont multi cartes. Un jour, ils argumentent contre la faim dans le monde. Peu de temps avant, ils auraient cherché à vous persuader de la nécessité d’aider la recherche contre le cancer. Plus tard, ils iront à votre rencontre, pour défendre l’environnement. Leur objectif ? Obtenir des dons, des adhésions, une fidélisation au profit des associations qui les financent. Ce ne sont pas des activistes, mais ils doivent se montrer convaincus et convaincants. Ce ne sont pas des bénévoles, car ils sont salariés. Ce ne sont pas des militants se battant contre l’injustice de notre monde, mais des commerciaux ayant un produit à vendre et des objectifs à atteindre. Aucune arnaque à craindre. L’argent que vous leur donnez va bien aux associations qu’ils représentent, même s’ils prennent une rémunération correspondant à leur prestation : normal, tout travail mérite salaire. C’est là juste le résultat de la marchandisation croissante de notre monde qui en vient à confondre le bénévolat et l’action commerciale, l’appel à la solidarité et le marketing, le sentiment d’entraide et la pulsion du consommateur, le combat contre les inégalités et le gain de parts sur le marché de l’humanitaire. A ceux pensant qu’il faut bien évoluer avec son temps, paraphrasons William Shakespeare: « Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France »

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1144 ■ 26/06/2014