Souillure
« Je ne demande pas à la Cour de prononcer le maximum parce que, dans l'échelle de l'horreur, je sais qu'il y a plus, mais vous êtes monté haut, Monsieur Patron ». Ainsi, s’est adressé le Procureur à l’ancien assistant familial qui avait tenu le haut du pavé médiatique, lors de l’assassinat de la jeune Laëtitia. Reçu deux fois par le Président Sarkozy pour son activisme sécuritaire, il s’est avéré être lui-même un pointeur! Tout au long de son procès, il aura nié les accusations portées contre lui, reprochant à ses victimes de mentir. En le condamnant à huit années de réclusion criminelle, les jurés n’auront finalement pas suivi ses appels lancés, avant sa mise en examen, à sanctionner toujours plus sévèrement les agresseurs sexuels. Toute maltraitance contre des enfants ou des adolescents relève de la pire des lâchetés et de l’abjection la plus répugnante. Mais, celle perpétrée par des adultes faisant profession de protéger des mineurs en rajoute à l’ignoble. Fracassés, écorchés, violés pour certains, les enfants accueillis cherchaient des protecteurs en qui faire confiance, parce qu’ils auraient le souci de leur bien-être, en prenant en compte leurs souffrances et leur détresse. Et, c’est ce qui se passe dans la quasi-totalité des familles d’accueil. Au lieu de leur offrir le havre de paix attendu, Gilles Patron a décuplé leur calvaire. Bien sûr, personne ne pourra jamais garantir, quelle que soit la vigilance des services, qu’un prédateur ne se glisse dans les rangs des familles d’accueil, mais aussi celui des éducateurs, des enseignants, des animateurs… pour profiter de la fragilité et de la vulnérabilité propre à l’enfance en général et à l’enfance en danger en particulier. Mais, cette condamnation exemplaire de la Cour d’assises de Nantes n’est pas là pour jeter l’ombre de la suspicion sur le secteur de la protection de l’enfance, mais pour démontrer qu’aucune bienveillance, ni mansuétude ne peuvent être accordées à celles et à ceux qui le salissent.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1139 ■ 17/04/2014