Maltraitance familiale ou délire de psy?

L’ASE de l’Isère est-elle à l’origine du placement abusif d’une fratrie de trois enfants atteints par le syndrome autistique (1) ? Difficile de répondre, car les services éducatifs n’ont pas l’habitude d’étaler publiquement leur argumentation, réservée au huis clos du cabinet du juge des enfants. Commençons par prendre leur défense : le retrait d’enfant constitue un acte grave s’appuyant sur un faisceau d’accusations basés sur des faits établis. Qu’un magistrat se fasse instrumentaliser ou prenne sa décision trop rapidement est toujours possible, mais pas courant. Ce qui est bien plus fréquent, par contre, ce sont les protestations des familles maltraitantes opposées à la mesure de protection et endossant le costume de victimes éplorées. Mais d’autres arguments nous incitent au doute. On ne peut qu’être intrigué par le soutien massif et unanime d’une centaine d’associations à cette famille de l’Isère. Difficile de croire que toutes aient été manipulées ou trompées. Et puis, il y a cette invraisemblable manie de certains psychanalystes rendant depuis des décennies les mères responsables de la psychose infantile, le diagnostic de Lacan tombant comme la lame d’une guillotine « la forclusion du nom du père ». Certaines expertises psys fourmillent de ces formules qui pour être moins absconses n’en sont pas tout autant destructrices. Il suffirait juste de cocher les bonnes cases : mère « immature », « toxique », « instable », « étouffante », « symbiotique », « intrusive », « narcissique », « contradictoire », « rejetante », « de mauvaise volonté », « de compréhension limitée », « opposante », « hostile au traitement ou aux propositions éducatives », « fusionnelle » (2). Avant même de franchir la porte du service, elle est cataloguée et condamnée. Alors ? Rideau de fumée permettant de camoufler une véritable maltraitance ou nouvel avatar de psys obtus stigmatisant les mères ? Les deux sont possibles : d’où la nécessité d’être vigilant.

(1) Voir LS n° 1167 p.6 / Libération des 8 et 11 août
(2) Lu dans Cahier de l’Actif n°458/459 « Le travail avec les familles »

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1170 ■ 01/10/2015