Cherchez l’erreur

Un SDF tient des propos sexistes à l’égard d’une étudiante qui passe devant lui. La jeune femme réagit en l’insultant. Elle reçoit une claque. La vidéo de cet incident a soulevé l’indignation. Le SDF a été condamné à six mois de prison ferme et 2.000 € à verser à la victime, pour préjudice moral. Cette agression est inacceptable. Il faut que les violences faites aux femmes soient impitoyablement réprimées. Un collégien traverse imprudemment devant un bus de la RATP, contraint de freiner brutalement. Son chauffeur descend et engueule l’ado qui se permet de l’insulter. Le jeune reçoit une claque. Aussitôt l’opinion publique s’indigne et se mobilise : 140.000 personnes signent une pétition pour défendre … le chauffeur de bus ! Ah, mais, vous comprenez, ce n’est pas pareil : là, c’est un enfant. Il a été insolent. Il l’a bien mérité cette claque. Il n’avait qu’à mieux se tenir. Les partisans des violences éducatives ordinaires se sentent forts, puisque la loi valide encore les châtiments corporels, au nom du droit de correction. Ils sont prompts à prétendre qu’« une baffe ça n’a jamais fait de mal à personne », sauf quand ils s’en prennent une ! L’agression est alors jugée devant un tribunal. L’enfant est une personne à  part entière méritant le respect de son intégrité physique. Si on ne bannit pas toute brutalité dont il peut être victime (recevoir une baffe, prendre une fessée, se faire tirer l’oreille etc…), il pourrait bien se retrouver un jour à la place de ce SDF, réglant ses comptes par la violence. Comment peut-on lui expliquer qu’il n’est pas légitime à agresser autrui quand celui-ci l’irrite, l’insulte ou lui manque de respect, quand parallèlement les adultes affirment l’être quand il se montre exaspérant, injurieux ou irrespectueux ? S’il est une valeur universelle, c’est bien cette éthique de la réciprocité qui affirme qu’il faut traiter l’autre comme on voudrait l’être soi-même. Elle ne s’applique pas qu’entre adultes, mais aussi entre adultes et enfants.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1239 ■ 15/11/2015