Légaliser ou pénaliser ?
Le débat fait rage entre partisans de la pénalisation des clients de la prostitution et opposants revendiquant pour les « travailleurs du sexe », la libre disposition de leur corps. J’avoue être ambivalent sur cette question. Je ne peux qu’être sensible à l’argumentation portant sur l’atteinte à la dignité humaine que constitue la marchandisation sexuelle. Mais, je suis tout aussi attentif à la revendication du droit individuel à faire ce que l’on veut de sa personne. Je me suis alors posé la question : et si mon fils ou ma fille m’annonçait, un jour, son intention de se prostituer ? J’avoue que j’aurais un peu de mal à rester serein, en l’imaginant faire le commerce de son intimité. Mais, ne suis-je pas là victime d’une morale rétrograde et étriquée ? Je me suis alors posé une autre question : et si mon fils ou ma fille, atteint d’un handicap, rendant difficile toute vie affective, me demandait à bénéficier de la prestation d’un(e) prostitué(e) ? J’avoue que j’aurais un peu de mal à lui opposer un discours sur la dignité humaine de l’autre, alors que la sienne propre serait déniée. Mais, peut-on revendiquer le droit à accéder à la vie sexuelle pour les uns, au détriment du droit des autres à ne pas subir l’infraction de leur intégrité ? Bien des questions qui restent sans réponses définitives. Au final, je ne sais plus quoi penser, me laissant porter par le raisonnement accablant des opposants, puis bousculer par la logique implacable des partisans.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1130 ■ 12/12/2013