Secret professionnel
En 2008, une assistante sociale de Grenoble, exerçant une mesure d’AEMO judiciaire, s’était rendue à la police pour dénoncer la situation administrative clandestine d'un ressortissant sénégalais rencontré par hasard, demi frère de la mère de famille à qui elle rendait visite. Au cours de l’été 2013, une assistante sociale suisse du Service de probation et d’insertion a été arrêtée, interrogée et présentée devant le procureur général, pour avoir conseillé à un détenu de ne pas révéler sa véritable identité, afin d’éviter d’être expulsé. Elle est poursuivie pour entrave à l’action pénale et pour avoir favorisé le séjour illégal d’un étranger. Deux postures, deux conceptions d’un métier. La première admet la possibilité de servir d’informateur de la police. La seconde refuse le rôle d’indic qu’on voudrait lui faire jouer. Supprimer le secret professionnel reviendrait à condamner le métier d’assistant social. Qui oserait encore se confier, s’il savait que ses confidences seraient aussitôt rapportées aux autorités ? C’est parce qu’une confiance peut s’établir que l’accompagnement peut porter ses fruits. Sans elle, pas d’écoute bienveillante, ni de possibilité d’échanger sereinement sur les options possibles qui s’offrent à l’usager. Seule subsisteront la solitude dans la décision et la défiance à l’égard des professionnels sensés aider mais qui seront vécus comme autant de balances. Honte à l’assistante sociale française, honneur à l’assistante sociale suisse !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1127 ■ 21/11/2013