La rumeur du 9-3

Les services sociaux de la région parisienne, débordés par leurs cas sociaux, les exportent-ils vers la province, en finançant leur billet de train ? Telle est la rumeur qui courre au Mans et à Niort, à Poitiers ou à Nevers. La dernière légende urbaine aussi ouvertement raciste date de 1969, quand des magasins de sous-vêtements féminins d'Orléans, tenus par des juifs, avaient été accusés de kidnapper des clientes dans leurs cabines d’essayage, pour les livrer à des réseaux de prostitution. L’Express(1) est allé enquêter à Châlons-en-Champagne, où le ouï-dire reproche à la municipalité de faire venir, depuis l’été 2011, des habitants de Seine Saint Denis, de préférence bronzés. Au choix : les élus attireraient ces nouvelles familles, en leur versant 300€, en affrétant des trains (deux de quatre cents places), voire même en leur payant le permis de conduite. L’un des organismes HLM a fait le point pour l’année 2012 : sur les deux milles demandes enregistrées, cinq provenaient de la région parisienne et sur les sept cent appartements attribués, deux concernaient des familles sans attache, ni travail dans la région. Mais non, la machine à divagations continue à fonctionner, alimentée par la peur de l’autre, la crainte de la différence, le fantasme de l’envahissement. Décidément, comme le disait Albert Einstein : « deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue ».


(1) L’Express n° 3251, « Tes bougnoules, on n’en veut pas ! » par Agnès Laurent

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1125 ■ 07/11/2013