Filiation ou attachement?

Les pratiques professionnelles en protection de l’enfance face aux parents fonctionnent sur le fondement d’une théorie inspirée par la psychanalyse : les liens du sang. La construction psychique du sujet dépendrait de son inscription dans une filiation, aussi problématique soit-elle. Dans le monde anglo-saxon, c’est la théorie de l’attachement développée par Bowlby qui domine : la proximité et la continuité d’une figure d’adulte sécurisante et stable serait le gage du développement serein et équilibré de la personnalité de l’enfant, que les personnes signifiantes en question soient ses géniteurs ou toute autre adulte. En fait, chacune de ces conceptions constitue une conjecture se rattachant à un modèle conceptuel pouvant aboutir à des dérives préjudiciables : le maintien des liens à tout prix avec les parents pour la première et la rupture prématurée avec eux pour la seconde. Les hypothèses théoriques doivent nous servir à rechercher la meilleure approche, non à nous enfermer dans des systèmes doctrinaires. Le « Plaidoyer pour l’adoption nationale »(1) initié par un groupe de professionnelles est fort bien argumenté. Il s’intéresse, hors de tout dogmatisme, au délaissement des enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance qui ne peuvent bénéficier d’une adoption, du fait de la focalisation des institutions sur le seul maintien des liens avec les parents, même quand ceux-ci sont abandonniques.


(1) http://www.osibouake.org/?Plaidoyer-pour-l-adoption

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1124 ■ 31/10/2013