Rétablissement de la peine de mort
L’ouverture de la chasse n’était pourtant officiellement prévue que quatre jours plus tard. Le bijoutier de Nice en a décidé autrement. Le 4 septembre, il a abattu dans le dos un braqueur qui s’enfuyait, après avoir cambriolé sa bijouterie. Sa vie n’était pourtant nullement menacée. Aussitôt, la fièvre sécuritaire s’est emparée de tout ce que notre pays compte de plus réactionnaire. Il n’y eût pas assez de déclarations pour justifier l’acte du commerçant, en appeler à l’autodéfense et à l’accroissement de la répression contre la délinquance. Va-t-on rétablir la peine capitale pour les voleurs, en confiant aux simples citoyens la tâche de l’exécuter ? Aucun acte, aussi ignoble soit-il, ne justifie qu’on enlève la vie à un être humain. Encore moins pour quelques bijoux. Et ce n’est pas l’exaspération légitime de commerçants victimes qui pourra démontrer le contraire. Au fur et à mesure que notre société se sécurise et se pacifie (en dix ans le nombre d’homicides a été divisé par deux), le seuil de tolérance à l’égard de la violence s’effondre. Le moindre comportement d’incivilité qui, hier encore, était banalisé, devient insupportable. Si ce mouvement a cela de positif qu’il accroît l’exigence de respect réciproque, il présente un effet particulièrement pervers : rendre inacceptable la moindre transgression, développer le sentiment d’insécurité sans commune mesure avec le risque réel et encourager chacun à se faire justice soi-même.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1119 ■ 26/09/2013