Maltraitance scolaire

L’intégration des enfants avec handicap dans les écoles ordinaires, constitue un progrès indéniable, rendu possible par la loi de 2005. Mais, cette avancée sociale comporte son lot d’effets pervers, comme le montre Mathieu, scolarisé en cours préparatoire. Une équipe de suivi de scolarité a bien tenté de convaincre ses parents de le laisser une année de plus, en grande section maternelle. Ils ont fait appel auprès de l’inspecteur de circonscription et ont eu gain de cause. Mathieu a peu accès à la parole. Tous les efforts, pour lui apprendre à compter, ont échoué. Un jour, il apprend à énumérer les chiffres jusqu’à cinq, comme une comptine, sans avoir la moindre idée à quoi cela peut correspondre. Le lendemain, il a tout oublié. Il ne déchiffre aucune lettre. Quand on lui propose de la patte à modeler, il la mange. Dans la cour, il est perdu. Son quotient intellectuel a été évalué à 45. Découragée, l’auxiliaire de vie scolaire a fini par démissionner: sans aucune formation, ni expérience, elle ne savait que faire, se contentant de lui relacer ses chaussures, lui enlever son manteau et le lui remettre. La maîtresse s’arrache les cheveux : avec 31 élèves, comment bien s’occuper de Mathieu ? Voilà une constante de notre société qui proclame des droits, sans pour autant se doter des moyens de les rendre applicables. Si la non scolarisation de 6.000 enfants avec handicap est scandaleuse, la scolarisation de Mathieu relève de la maltraitance institutionnelle.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1097 ■ 14/03/2013