La messe aux sans papiers
La préfecture du Pas-de-Calais s’est enfin résolue le 11 août, à mettre à disposition du millier de sans-papiers souffrant d’une épidémie de gale, des douches. Le Préfet qui l’a décidé ne risque-t-il pas 5 ans de prison et 30 000 euros d'amende, pour avoir facilité de façon indirecte « le séjour irrégulier, d'un étranger en France » ? La solidarité à l’égard de ces populations finit par impliquer des personnalités les plus improbables. Elle transcende bien des milieux et des convictions. Ainsi, depuis le 30 octobre 2007, le dernier mardi de chaque mois, se tient Place du Capitole à Toulouse, à 18h30, un regroupement silencieux de prières de frères franciscains « pour dénoncer l’enfermement par le gouvernement dans des centres de rétention des personnes étrangères en situation irrégulière ». En 1976, Georges Brassens, chantait une superbe complainte mettant en scène la réaction d’un curé face à la pendaison d’un homme. Le prêtre fit scandale, rugissant « mort à toute peine de mort » (« La messe au pendu »). Et le poète sétois de confesser : « Anticlérical fanatique / Gros mangeur d'ecclésiastiques / Cet aveu me coûte beaucoup / Mais ces hommes d'Eglise, hélas ! / Ne sont pas tous des dégueulasses » Et d’en appeler aux mécréants : « Quand vous vous goinfrerez un plat / De cureton, je vous exhorte / Camarades, à faire en sorte / Que ce ne soit pas celui-là » Quand les païens crieront « à bas la calotte », que ces frères franciscains ne soient pas visés !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°941 ■ 17/09/2009