L’assistante sociale relaxée
Maria Vuillet, qui exerce le métier d’assistante sociale au CROUS de Nanterre, vient d’être blanchie le 9 septembre par la Cour d’appel de Paris de l’accusation d’« outrage à dépositaire de l’autorité publique ». Les faits remontent au 22 octobre 2007. Elle manifeste comme citoyenne, à la station Guy Moquet, contre la récupération politicienne du jeune fusillé. Frédéric Lacave, le sous-préfet qui doit y prononcer en grand uniforme une allocution se fait copieusement huer. Après avoir tourné les talons, le haut fonctionnaire donne l’ordre à la police d’interpeller une femme « aux traits asiatiques », qui l’a insulté de « facho ». La franco-colombienne Maria Vuillet est menottée, placée en garde à vue au commissariat et mise en examen. Le 28 juillet suivant, en première instance, le sous-préfet fait citer son chauffeur comme témoin des propos insultants prétendument tenus par l’assistante sociale. La défense fournit un procès- verbal de police qui n’indique à aucun moment la présence de celui-ci. Le 4 septembre, le tribunal innocente la prévenue. Le parquet fait appel. « Si vous la relaxez, cela revient à traiter de « menteur » un sous-préfet», avait plaidé Cyril Fergon avocat du plaignant. Ce verdict vient d’être confirmé. Mais, pour une grossière supercherie mise à jour, combien parmi les procédures pour outrage (qui sont passées de 17.700 faits dénoncés en 1996 à plus de 31.730 en 2007) aboutissent à des condamnations d’innocents accusés à tort ?
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°942 ■ 24/09/2009