Vraies et fausses allégations
Loïc Sécher a été acquitté, après 7 ans de prison pour viol. Son accusatrice s’était rétractée. Christian Lacono, ex-maire de Vence a été libéré. Il avait été condamné à 9 ans de réclusion, sur les allégations de son petit-fils qui l’avait accusé de l’avoir violé. Là aussi il y a eu rétractation. Dans ces deux affaires, famille, enquêteurs, experts psychiatres, juges … tout le monde s’est trompé. Est-ce à dire que les enfants qui révèlent avoir été victimes d’agression sexuelle mentent ? Il serait totalement abusif de tirer une telle conclusion. Comme il le serait tout autant, de penser qu’ils disent toujours vrai. Notre société a du mal à sortir de la logique binaire, du tout ou rien. Après avoir longtemps considéré que la parole des mineurs n’était pas crédible, elle a affirmé qu’ils ne pouvaient que dire la vérité. Depuis le procès d’Outreau on recommence à douter de leur témoignage. C’est oublier un peu vite que, si à cette occasion 13 adultes ont été innocentés, 15 enfants ont bien été reconnus victimes de viols, de la part des quatre autres accusés. Alors oui, la réalité est bien plus compliquée qu’il n’y paraît. L’enfant dit toujours sa vérité à lui, à défaut de dire forcément la vérité judiciaire. C’est de sa souffrance dont il nous parle. C’est cela qu’il faut essayer de décrypter. Plus difficile à faire, qu’à dire. L’important peut-être est de garder l’esprit ouvert sur l’ensemble des possibles, au lieu de s’enfermer dans nos certitudes.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1025 ■ 07/07/2011