Ils l’ont assassiné !
Il y a quelques semaines, le monde commémorait le 11 septembre. Pas le 11 septembre 1973 au Chili, date du coup d’État militaire orchestré par le gouvernement américain qui fit 60.000 morts, mais le 11 septembre 2001, jour de l’attentat de New York, responsable de 2.976 victimes. Toute comparaison entre ces deux massacres peut paraître déplacée. Car l’horreur ne se mesure pas au nombre de tués. Un seul assassinat suffit à soulever l’indignation. L’exécution de Troy Davis, par injection létale, le 21 septembre, constitue un authentique acte de barbarie. 35ème condamné à subir, en 2011, la cruauté d’une nation qui se revendique civilisée, Troy a vécu vingt ans dans les couloirs de la mort. Depuis la tenue de son procès, les preuves de sa non culpabilité se sont accumulées, sept des neuf témoins de son supposé crime s’étant rétractés, désignant un tiers comme le probable auteur. A travers le monde, 1 million de signatures ont été collectées pour obtenir sa grâce. Il était devenu l’icône de la lutte contre les exécutions capitales. C’est sans doute aussi pour cela qu’il a été tué. Si le 11 septembre 2001 sonnera à jamais, pour le peuple américain, comme la date d’une tragédie, le 21 septembre 2011 constituera, pour lui, une journée de honte tout aussi maudite, n’ayant pas réussi à empêcher que l’on commette en son nom, le pire des crimes : le meurtre d’un innocent. En la mémoire de Troy, le combat continue pour abolir cette infamie : mort à toute peine de mort !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1032 ■ 29/09/2011