Réalité infernale et damnation dystopique

Aujourd’hui, établissons un point rapide sur l’évolution de nos mondes, nos sociétés, nos démocraties mais aussi nos dictatures.

En 2020, la planète affrontait une crise sanitaire encore jamais connue. Alors, la majorité de la population confinée ainsi que les dirigeants de multiples nations redécouvraient et reconnaissaient l’importance de certains métiers qui permirent de traverser admirablement cette période funeste. Malheureusement, promesses qui leur furent faites et reconnaissance de ces fonctions primordiales ne tinrent que peu de temps avant de s’estomper devant une réalité économique fragile.

En 2022, une guerre se déclara entre de proches contrées. Naïve pour ma part, j’étais convaincue que notre histoire marquée de génocides, avait su créer suffisamment d’instances pour éviter de nouvelles tueries grâce à la mémoire collective. Or deux ans plus tard, cette guerre s’éternise et rien n’y met un terme. A nouveau, la politique économique mondiale est un frein à l’abolition de ces conflits armés.

En 2023, de nouveaux affrontements violents reprirent en terre soi-disant sainte. Un peuple y subit l’oppression et se voit décimer davantage plus les jours passent. Ici aussi, aucune entité fédératrice internationale et garante des droits de l’homme n’arrive pas à pacifier ces hostilités anciennement latentes.

Et puis, dans nos univers individuels, la vie reprend son cours et se poursuit quand ces actualités finissent par perdre de leur caractère choquant, tout comme révoltant, par leur inscription dans une nouvelle forme d’habitude. Les tracas du quotidien se rappellent à nous et détournent notre attention des nouvelles formes que prennent nos sociétés capitalistes.

Ensuite, quand Paris se prépare aux Jeux Olympiques Paralympiques, spectacle censé rapprocher nos multiples nations autour du divertissement sportif unificateur, les services de l’Etat français éloignent les populations migrantes des rues de la capitale, offrent de splendides hébergements en studio individuels aux « vrais grands précaires ou marginaux », tout en orchestrant un déploiement des forces de l’ordre pour évacuer campements, tentes et personnes précaires. Ces évictions sèches, jamais dévoilées aux acteurs de terrain, surprennent ces derniers, notamment alors qu’il leur est demandé de travailler l’accès à l’hébergement de ces publics. Ainsi, des liens sectorisés se rompent, des demandes de mises à l’abri se perdent tout comme la confiance en les services sociaux s’égratigne progressivement et rageusement.

En parallèle, des évènements surprenants surgissent de part et d’autre au sein des actualités. Par exemple, Guillaume Meurice, chroniqueur et humouriste, s’est vu récemment licencier de la radio publique française pour propos diffamatoires et attitude provocatrice, qualifiée de faute grave. Dans la foulée, le Rassemblement National, qui a fort malheureusement le vent en poupe actuellement, crie haut et fort sa volonté de vouloir privatiser France Inter, radio pourtant reconnue pour son indépendance de pensée et de neutralité historique – aujourd’hui remise en doute – face au pouvoir politique.

Dans cette ligne de pensée, que pourrait-il arriver à mon collègue billettiste, Vince l’éducateur spécial quand il écrit : « Bardella annonce vouloir lutter contre la hausse du prix du gaz. Au regard de l’histoire, je ne sais pas quoi ça laisse présager… » (1) ? A l’avenir Facebook pourra-t-il le bâillonner, le censurer pour éviter qu’il fasse rire des centaines de travailleurs sociaux tant sa tirade est juste ?

Enfin, la montée de l’extrême droite, pourtant remarquée et suivie depuis plusieurs années maintenant, finit par affoler une partie du peuple et surtout, notre Président de la République, qui se trouve soudain décontenancé face à cette poussée fasciste et raciste spectaculaire. Nous, nous sommes surpris de sa surprise. Depuis sa consécration en 2017, n’a-t-il pas pris en compte les évènements qui se déroulaient sous ses yeux ? N’a-t-il pas largement participé, comme acteur principal, à ses nouvelles prises de positions extrêmes, exclusives et excluantes revendiquées d’autoritarisme ?

Nous autres, professionnels d’utilité publique et travailleurs quotidiens du bien-être collectif, de la solidarité, du rouage territorial, nous témoignons fortement de la crise que notre société connait. Les signes en sont reconnaissables par la tristesse, l’accentuation de la pauvreté et de la précarité, l’augmentation de la violence, la disparition de la tolérance et le rejet de la différence qui habitent aujourd’hui nos rues.

Alors, puisque les flammes de l’enfer se propagent doucement pour brûler nos droits, nos valeurs, nos histoires collectives comme individuelles, nos démocraties vacillantes, nos étendards désuets, n’assisterions-nous pas à cet instant clé d’une histoire où tout implose ? Sommes-nous déjà pris dans une dystopie qui n’a plus rien de littéraire ?

Voilà pourquoi nous devons nous mobiliser afin d’éteindre ce feu, qui anéantira assurément et insidieusement tout ce en quoi nous croyons. Mobilisons-nous !!! (2)

 

(1) Publication sur le compte Facebook L’éducateur spécial du 11/06/2024
(2) La jeunesse – et pas que – emmerde le Front National et Renaissance !