L’actualité fourmille d’occasions de commentaires et de discussions. La capacité d’indignation et d’ironie, mais aussi d’enthousiasme et d’admiration doit être préservée à tout âge. Sans tomber dans le café du commerce, je jette un regard bienveillant et sans complaisance sur notre société

Coéquipiers ou compétiteurs?

Face au postulat voulant que le travailleur social, fort de sa technicité et de son expertise, saurait ce qui est bien pour les personnes qu’il accompagne, il est de bon ton de brandir un axiome au sens totalement inversé : « ce sont les personnes aidées qui ont les solutions aux problèmes qu’elles peuvent rencontrer ». Les professionnels ne seraient que les révélateurs de ce que les usagers savent, mais qu’ils ne sauraient pas qu’ils savent. Cette conception maïeutique que nous devons à Socrate, est juste mais partielle. Certes, ce sont les

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Ce qui divise et ce qui unit

Des Sourds qui défendent leur propre langue et leur culture spécifique face aux entendants qui les ont opprimés pendant des siècles. Des autistes qui se battent pour se voir reconnaître leur droit à la neurodiversité. Des schizophrènes qui réclament d’être dissemblables, leur appréhension du monde n’étant qu’une des nombreuse approches possibles. On peut comparer les combats menés par ces minorités biologiques à ceux de leurs cousins ethniques ou de genre. Le mouvement des noirs pour les droits civiques aux USA dans les années 60 et contre le

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La révolte des gueux

Vous avez aimé mai 1968 ? Vous allez adorer les émeutes de l’automne 2018. Au RSA, Léo doit se contenter, d’un reste à vivre de 3 € par jour. Karima se prive de repas pour permettre à sa fille de 5 ans de s’alimenter. Il fait 12° au domicile de cette famille qui n’a pas les moyens de se chauffer. « Aucune cause ne justifie de telles violences » a réagi notre Président. Mais ce n’était pas de cette violence-là, invisible et quotidienne, dont il parlait. Non, c’était à propos de celle des damnés qui ont mis le feu aux symboles de la richesse, de

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Leçon de vie

« Pouvons-nous aborder ce qui va se passer, quand vous aurez disparu ? » L’éducateur s’entend poser cette question à cette maman hospitalisée, en fin de vie, qu’il accompagne depuis un an. La violence de cette question s’impose rétroactivement : comment peut-on se montrer aussi brutal et insensible, voire cynique ? En se rendant au chevet de ce parent, il avait l’angoisse au ventre : comment se comporter face à une patiente lucide sur les jours qui lui restent à vivre et qui sait que son interlocuteur le sait ? La malade l’accueillit avec

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L’habit ne fait pas le moine

En ce 22 juin, Jared se rend avec ses potes à l’hippodrome de Longchamp. Cela fait des mois qu’il a acheté son « pass trois jours » pour la vingtième édition du festival Solidays. Il se fait une joie de découvrir sur scène tous ces groupes qu’il ne cesse d’écouter en streaming. Grand, le teint mat (on lui dit souvent qu’il a une tête d’arabe), la sacoche en bandoulière et bien sûr la casquette de marque fichée sur la tête, une fois, deux fois, trois fois, il se fait aborder par de parfaits inconnus le sollicitant pour savoir s’il n’a rien à

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Le train en marche

Jeudi 6 janvier 1994 : Lien Social vient à peine de fêter ses cinq années d’existence. J’en ai sept fois plus. Fraîchement abonné, je découvre la recension du livre de David Bisson et de sa thérapeute Evangéline De Shonen « L’enfant derrière la porte ». C’est le récit du calvaire vécu par un enfant martyrisé par sa mère et son beau-père. Cette critique est signée « Sébastien, 13 ans ». J’apprendrai bien plus tard que Sébastien est le fils du rédacteur en chef Jean-Luc Martinet. Pur exercice scolaire au départ, sa qualité d’écriture justifie

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À quand l’armistice ?

En imposant, depuis les années 1960, sa tyrannie arrogante et despotique, la psychanalyse a commis beaucoup de dégâts, notamment en désignant les mères comme responsables de l’autisme de leur enfant. En proposant d’intenses stimulations destinées à réduire les comportements à problème de leur enfant, les méthodes comportementalistes entretiennent auprès des familles l’illusion d’une normalisation improbable. Entre ces deux écoles, la guerre de tranchée dure depuis des années, chacune accusant l’autre qui d’entretenir les difficultés des

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Rabat-joie

En ce 15 juillet, la Marseillaise résonne. Je reste muet ! La foule danse dans les rues. Aucune fourmi dans mes jambes ! Les drapeaux tricolores flottent. Pas à ma fenêtre ! Cette coupe symbolise trop de valeurs exécrables. Celle de la corruption, d’abord, tant la fédération organisatrice multiplie les scandales de pot de vin. Celle du fric, ensuite : ces milliardaires en short sont une insulte permanente à la décence (les 222 millions dépensés pour le seul transfert de Neymard au PSG permettraient de nourrir 5.276.979 enfants sous alimentés

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Visitez, c’est gratuit!

Il y a d’abord l’économie marchande. Celle qui nous permet d’acheter des biens et des services. Mais aussi, celle qui détruit, quand la concurrence libre et non faussée, cette intransigeante loi du marché, n’est pas régulée. Vient ensuite l’économie collaborative qui organise toutes les formes de partage, d’échange et de location entre particuliers : prêt d’appartement, de voiture ou de matériel, co-voiturage, offre de place pour parquer son véhicule ou installer sa tente de camping. Cette autre forme d’échange monétaire très en vogue présente

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Islamophobe?

« Tiens, Belphégor est de sortie ! » Ma réflexion fuse spontanément, alors que j’accompagne Tristan dans la recherche d’un apprentissage. Nous venons de croiser une jeune fille au corps recouvert d’un long Jilbab noir. Seul son visage émerge. Sans même attendre la réaction de l’adolescent, la gêne m’envahit. Je lui explique qui est Belphégor : le fantôme d’une série télévisée datant de 1965. Tout de noir vêtu, avec un masque blanc, il n’a pas fait que hanter fictivement le Louvre. Il a aussi peuplé mes cauchemars d’enfant. Enfin bref, quittant

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