CLCV - Aides aux devoirs - 2007

Le groupe de bénévoles a choisi de travailler pour le cycle de formation 2007 sur trois thèmes :
•  le risque de découragement quand le bénévole n’atteint pas les objectifs qu’il s’est fixé à l’égard de l’enfant
•  l’articulation entre la directivité et l’autodiscipline dans la pédagogie envers l’enfant
•  la place de l’affectif dans les relations entre le bénévole et l’enfant.

Rencontre du lundi 5 janvier 2007
Les bénévoles ont d’abord été invités à se répartir en deux équipes, chacune étant chargée de réfléchir pour l’une aux qualificatifs attachés à l’image de l’enfant idéal que chacun aimerait croiser dans l’aide aux devoirs et, pour l’autre aux qualificatifs attachés à l’image la pire.
 
Enfant idéal
Attentif  - Réceptif  - Motivé  - Aimable - Poli  - Discipliné  - Obéissant  - Rebelle - Ordonné - Concentré - Désir d’apprendre - Demandeur d’aide - Ouvert d’esprit - Serviable - Curieux
Enfant le pire             
Agité, ne tient pas en place - Ne réagit à rien - Pressé d’en finir - Incorrect - Grossier - Indiscipliné - Brouillon, n’a pas son matériel -Tête en l’air - Refus d’apprendre – Menteur -  Manipulateur
 
Les bénévoles ayant donné leurs représentations, il leur a ensuite été demandé de rechercher les attitudes requises pour passer de l’enfant le pire à l’enfant idéal.
L’équipe n°1 a été chargée de concevoir le transfert de l’enfant agité en enfant attentionné et de l’enfant apathique en enfant réceptif.
L’équipe n°2 a été chargée de concevoir le transfert de l’enfant démotivé en enfant motivé, de celui qui refuse d’apprendre en celui qui est demandeur de soutien.
 
Face à l’agitation …
•      rester calme afin de montrer l’exemple
•      comprendre l’origine de l’agitation, en questionnant (mais en évitant de s’étaler)
•      faire formuler en invitant à mettre en mots l’agitation
•      relativiser le problème, en aidant à « tourner la page »
•      en dernière instance isoler dans une pièce
 
Face à l’apathie …
•      repérer les centres d’intérêt
•      commencer par la matière qui plaît le plus à l’enfant
•      stimuler sa motivation
•      mettre en valeur ce que sait l’enfant
•      simplifier la tâche pour la rendre plus facile ou intéressante
 
Face à la démotivation …
 
•      privilégier l’établissement d’une relation de confiance
•      importance de la motivation du bénévole lui-même
•      offrir une écoute, une mise à disposition, une inconditionnalité, une bienveillance exemptes de jugement et de sanction
•      valoriser par une stimulation de l’estime de soi et de la confiance en soi
 
Face au refus d’apprendre …
•      commencer par ce qui intéresse l’enfant
•      s’intéresser à ce que vit l’enfant
•      renverser la perspective scolaire en partant de l’enfant pour aller vers le savoir
•      établir des ponts entre les différentes parties du savoir
 

Rencontre du Lundi 5 février 2007
Pour faire mesurer aux bénévoles les effets respectifs de la directivité et de la non-directivité, deux jeux de rôle ont été proposés.
Le scénario était le suivant : le groupe des bénévoles devait organiser la fête de fin d’année en présence du président de l’association.
Dans un premier jeu, le président se montra totalement absent, laissant faire le groupe et ne prenant aucune initiative pour aider ou canaliser le travail.
Dans un second jeu, le président se montra autoritaire et extrêmement directif, imposant sa façon de voir, ne tolérant que peu d’idées contradictoires.
Le premier groupe fut très déstabilisé par l’inertie du président, finissant par s’organiser par lui-même, en oubliant jusqu’à sa présence.
Le second groupe réagit avec un grand malaise, tolérant difficilement l’arbitraire et le despotisme du président.
A partir des réflexions que firent naître ces deux jeux de rôle, les bénévoles élaborèrent une échelle des valeurs qui place aux deux extrémités l’attitude purement directive et non directive. Entre les deux, ils disposèrent différents comportements que le bénévole peut avoir en fonction de leur proximité avec les deux extrêmes.
Très vite, le groupe a pu faire le constat que la plupart des comportements identifiés pouvait avoir une justification selon les circonstances et ce, malgré leur éventuelle proximité de l’une des deux extrêmes. 
Ce sont donc bien les circonstances qui peuvent valider ou invalider une attitude et rarement celle-ci en tant que telle, sortie de son contexte.
 
DIRECTIVITE
++++  Trancher : prendre une décision, sans laisser le choix à l’enfant
+++ Recadrer : recentrer sur l’objectif de l’aide aux devoirs
++ Orienter : partir de ce qu’il y à faire et proposer l’ordre du travail
-- Etre facilitateur : faire émerger  le savoir que l’enfant a en lui
--- Etre passif : laisser l’enfant trouver par lui-même
---- Etre diplomate : laisser l’enfant faire ses choix
----- Ecouter l’autre : entendre l’enfant et ses soucis
------ Respecter : accepter l’enfant tel qu’il est
NON DIRECTIVITE

 

 

Rencontre du Lundi 5 mars 2007

Le groupe a été invité à se répartir en deux équipes, chacune étant chargée de préparer l’argumentaire favorable et opposé à deux motions, en vue de la préparation du congrès de la  Fédération des Associations d’Aide aux Devoirs.

L’équipe n°1 s’est chargée de travailler sur l’argumentation favorable des motions A & B, l’équipe n°2 se consacrant aux argumentations défavorables respectives. Ce qui fait que chacun s’est trouvée dans la situation d’avoir à réfléchir sur une thèse et son contraire.

Motion A : Le bénévole doit tisser un lien affectif avec l’enfant. Pour le mettre en confiance, il est à son écoute et peut lui servir de confident. Il se fait tutoyer et appeler par son prénom. Il garde tout au long de l’année le même élève, afin de préserver la continuité de la relation.

Argumentation favorable
•      l’aide aux devoirs est avant tout un lieu d’écoute et d’entre aide où il est important que l’enfant se sente aimé
•      pour lui permettre de travailler dans de bonnes conditions, il faut que s’établisse un feeling minimum
•      du côté du bénévole il est tout aussi important qu’il se sente bien avec l’enfant
•      il apparaît en outre nécessaire de créer une relation autre que celle qui existe à l’école
•      on peut difficilement adopter une position froide et distante
•      les enfants en difficultés doivent se sentir à l’aise avec des bénévoles bienveillants
•      mettre à l’aise les enfants passe par une mise en confiance
•      la complicité ainsi établie permet à l’enfant d’être à l’aise pour parler de ses difficultés
•      le tutoiement facilite la relation
•      la continuité entre l’enfant et le bénévole est elle aussi importante

Argumentation défavorable
•      le bénévole est là pour apprendre à l’enfant, pour rien d’autre
•      d’autant que l’affectivité appartient au cercle familial et amical
•      d’où un risque d’une substitution sentimentalo affective de la famille
•      l’affectif risque de primer sur le pédagogique
•      chacun à sa place
•      attention à une familiarité déplacée
•      risque de fusion et de dépendance
•      risque de fausser le jugement quant au niveau scolaire de l’élève
•      risque à force d’écoute, d’une dérive vers le personnel
•      l’affectif peut favoriser une prise du pouvoir par l’enfant qui va faire sa loi (si on l’écoute de trop, on peut aussi accepter qu’il refuse de se mettre au travail)

 

Motion B : Le bénévole doit garder ses distances avec l’enfant. Il évitera toute proximité affective, rappelant à l’élève qu’il est là exclusivement pour l’accompagner dans ses devoirs et refusant d’aborder quelque sujet que ce soit qui ne concerne pas l’apprentissage du savoir scolaire. Un changement régulier de référent pour l’enfant est souhaitable.

Argumentation favorable
•      imposer le respect passe par renoncer à la familiarité
•      l’enfant doit savoir que le bénévole n’est ni un copain, ni un parent et qu’il est étranger à sa vie privée
•      la vie de l’enfant ne concerne pas le bénévole
•      le bénévole est là pour ses devoirs, c’est tout
•      pas de gestes affectueux
•      les bénévoles doivent être interchangeables

Argumentation défavorable
•      « prendre ses distances », c’est valable pour une armée en manœuvre
•      une bonne relation pédagogique nécessite une juste proximité
•      cette proximité est la condition du recours et du secours pour l’enfant
•      si on s’appuie sur la seule obéissance, l’efficacité sera d’autant plus limitée
•      cette efficacité s’appuie au contraire sur la confiance que l’enfant nourrit dans les bénévoles
•      la rigidité est peu appropriée aux enfants en difficulté
•      attention à la relation pédagogique désincarnée qui passe à côté de l’enfant
•      sauf exception (absence ou changement ayant du sens), il vaut mieux préserver la continuité de la relation entre le bénévole et l’enfant, gage d’une réussite.

Chaque bénévole s’est vite aperçu qu’il partageait des arguments dans l’une et l’autre des deux motions. Un travail de synthèse s’imposait donc. Ce qui fut fait :
« L’affectif est à l’origine de la démarche du bénévole qui pour s’investir dans l’aide aux devoirs doit se sentir à l’aise avec l’enfant. Si celui-ci se contente d’obéir, l’efficacité de l’aide qui lui est apportée sera limitée. Il est nécessaire au contraire qu’il se sente aimé, non jugé et accepté tel qu’il est. Un feeling et une relation de confiance doivent donc s’instaurer entre lui et le bénévole qui ne peut se contenter d’un rôle pédagogique désincarné. Concernant des élèves en difficulté scolaire, la proximité et la complicité permettent d’aborder d’une façon plus détendue les problèmes d’apprentissage. D’autant que le bénévole n’est pas un enseignant : son rôle est de partager avec l’enfant, de lui donne envie d’apprendre, de le mettre en valeur et de l’encourager, afin qu’il aie le sentiment de repartir avec un résultat positif. La pratique de la part de l’enfant tant du tutoiement que de signes affectueux peuvent favoriser cette relation personnelle bienveillante, tout comme la continuité dans le temps de la prise en charge du même élève par le bénévole. Toutefois l’aide aux devoirs ne doit pas devenir le substitut sentimentalo-affectif de la famille : l’affectif ne doit pas primer sur le pédagogique et placer l’enfant dans une position de fusion et de dépendance. La bienveillance et l’écoute trouvent leurs limites dans les exigences de mise au travail qui restent la raison d’être de l’aide aux devoirs. »

 

Jacques Trémintin – Mars 2007