Le bénévolat

Quelle place pour le bénévolat dans un monde de compétition ?

Notre monde est parfois bien paradoxal. Alors même que tout semble pouvoir se vendre et s’acheter, les notions de générosité, de don de soi et d’altruisme résistent à la vague d’individualisme et d’égoïsme qui, pour certains d’observateurs, aurait submergé notre mode de vie. A preuve, la bonne santé affichée par le bénévolat qui implique toutes les couches de la population. Ce dossier va tenter d’aborder la portée et les limites d’un comportement dont la valeur centrale faite d’humanisme et de bienveillance est au coeur de l’action du métier d’animateur.

Les enseignants se plaignent souvent du comportement de leurs élèves. Ils leur reprochent de se contenter d’adopter une attitude passive de consommateurs, d’attendre que tout leur soit mâché, de profiter au maximum de ce qu’il leur est fourni… tout en donnant le moins possible d’eux-mêmes. On pourrait s’interroger d’abord sur ce qui est mis en œuvre en terme de pédagogie pour les rendre plus acteurs. Mais cela n’est pas suffisant. Car cette posture de l’élève ressemble trop à notre société qui n’arrête pas de présenter comme moteur des relations humaines, la recherche du profit. L’individu est incité en permanence à agir comme un profiteur, à se mettre l’affût des bonnes affaires, à se précipiter sur les soldes, à utiliser ses droits au point d’en devenir procédurier. Extorquer, exploiter, tirer parti, chercher tous les avantages sont devenus des attitudes requises d’un individu moderne qui, pour survivre, devrait se comporter en prédateur avide dont le seul souci serait la satisfaction de l’objet de ses désirs. On est loin de la préoccupation bienveillante portée vers l’autre qui constitue l’essence de la démarche du bénévole. Comment expliquer cette contradiction ?

 

Utilitarisme …

Pour appréhender cette problématique, il nous faut nous tourner vers la philosophie et la sociologie. Commençons par une école de pensée qui s’inscrit dans ce qu’il y a de plus opposé au bénévolat : l’utilitarisme. Un philosophe anglais a tout particulièrement bien illustré cette conception : Jeremy Bentham (1748-1832) défendit l’idée selon laquelle la motivation première de l’homme dans ses actions, le ressort essentiel de ses comportements ne serait autre que le plaisir qu’il pourrait se procurer. Tout un chacun n’agirait que dans la mesure où son intérêt égoïste serait renforcé. Le souci d’autrui n’interviendrait finalement que bien peu dans les finalités de ce qui est accompli. Pourtant, l’observation d’un certain nombre de civilisations premières a intrigué les chercheurs, quant à l’implication de cette hypothèse. A l’image de ce Potlatch, pratique des populations de pêcheurs - chasseurs - cueilleurs de la côte nord-ouest des Etats-Unis et du Canada bien connue des ethnologues que l’on retrouve sous de multiples formes aux quatre coins du monde. Ces peuples organisaient des manifestations bien curieuses, consistant à distribuer aux invités des biens de prestige et une nourriture abondante. Plus on dilapidait ce qu’on possédait, plus son influence politique et sa position sociale s’en trouvait renforcé. Coutume que notre société a eu un peu de mal à interpréter, tant il est vrai que nos habitudes contemporaines pour nous enrichir se situent plutôt du côté de l’accumulation que de la prodigalité !

 

… ou don ?

C’est le sociologue Marcel Mauss (1872-1950) qui apporta une interprétation passionnante à cette coutume. En fait, affirme-t-il, ce don qui peut apparaître incohérent a une signification très forte qu’on ne peut comprendre qu’à partir du double rapport qu’il induit. Un rapport de solidarité tout d’abord, puisque celui qu’il donne, partage ce qu’il a avec celui à qui il donne. Un rapport de supériorité ensuite, puisque celui qui reçoit est placé en position de dépendance et de dette. Le don rapproche parce qu’il est partage, mais dans le même temps il éloigne, parce qu’il fait de l’un l’obligé de l’autre. Ce qui implique alors l’obligation, pour ne pas rester dans un rapport de dépendance, de rendre dans les mêmes proportions. Dans ce type de société, « la grande source de l’agir humain réside dans l’obligation doublement paradoxale de donner et de rivaliser de générosité. Dans l’obligation en somme de ne pouvoir satisfaire son intérêt que par le détour du désintéressement. » explique Alain Caillé (2). Marcel Mauss affirme que ce n’est pas le troc, comme on l’a pensé longtemps, mais ce système du don et du contre don, qu’il qualifie de « phénomène social total », qui fut le fondement des relations humaines de certaines sociétés archaïques. Le troc, première forme d’échange commercial, se limite à une circulation des biens : on troque alors un produit contre un autre considéré comme ayant une valeur équivalente. Un outil ou une arme est échangé contre telle quantité de grains ou tant de peaux de bête.

 

Un échange différé

Le don, lui aussi ne peut se limiter à un acte unilatéral. Il implique une obligation de réciprocité. Mais cette symétrie dans la nécessité d’une équivalence n’est qu’apparente. Alors que l’échange marchand nécessite que le service réciproque attendu de part et d’autre se fasse concomitamment, le don n’oblige pas à la même simultanéité. Pierre Bourdieu souligne l’importance capitale de cette distinction, en soulignant le  «  rôle déterminant de l'intervalle temporel entre le don et le contre-don, le fait que, pratiquement dans toutes les sociétés, il est tacitement admis qu'on ne rend pas sur-le-champ ce qu'on a reçu (…) l’intervalle avait pour fonction de faire écran entre le don et le contre-don, et de permettre à des actes parfaitement symétriques d'apparaître comme des actes uniques, sans lien. Si je peux vivre mon don comme un don gratuit, généreux, qui n'est pas destiné à être payé de retour, c'est d'abord qu'il y a un risque, si minime soit-il, qu'il n'y ait pas de retour (il y a toujours des ingrats), donc un suspense, une incertitude, qui fait exister comme tel l'intervalle entre le moment ou l'on donne et le moment ou l'on reçoit. [...] Tout se passe donc comme si l'intervalle de temps, qui distingue l'échange de dons du donnant-donnant, était là pour permettre à celui qui donne de vivre son don comme un don sans retour, et à celui qui rend de vivre son contre-don comme gratuit et non déterminé par le calcul initial. » (2)

 

Une même compensation, deux conséquences

Dans une transaction marchande, peu importe les intentions des protagonistes, seules comptent les éléments mesurables de la transaction et ce qu’elle va rapporter à chacun. Une fois celle-ci conclue, les deux parties sont quittes. Sauf à ce qu’une dette subsiste : mais celle-ci est alors éminemment négative. Le don quant à lui, crée une obligation mutuelle qui maintient durablement la relation. Il laisse derrière lui une relation privilégiée entre deux personnes qui perdure dans le temps, tissant un lien de confiance, de loyauté et d’amitié. Le prestige que l’individu en tire permet de comprendre pourquoi plus il donne, plus il est grandi par son acte. Ce qui transparaît alors c’est le sens premier, subjectif et vivant de la relation humaine. Si l’on quitte l’univers des civilisations premières, pour revenir en notre XXIème siècle, on ne peut que faire un constat terrible : il est de plus en plus fréquent d’avoir à entrer dans une relation marchande dans le quotidien de nos vies (s’asseoir sur une plage, longer une rivière, aller aux toilettes sont devenus dans certains cas des occupations payantes). Pour autant, il reste de multiples domaines où le don désintéressé subsiste et résiste. Ainsi, par exemple, que ce soit pour éduquer ses enfants ou s’occuper de ses vieux parents, on ne recherche ni la rentabilité, ni le profit dans la relation. Ou encore, dans ce don du sang ou ce don d’organe qui reste unilatéral et sans contrepartie monétaire. Il en va de même pour le temps consacré au bénévolat.

 

Bénévolat : donner pour mieux se trouver

Avec 12 millions de bénévoles, notre pays démontre que, malgré la marchandisation grandissante de notre monde, l’esprit du don est encore tenace. Toute la problématique du contre-don évoquée ci-dessus est bien présente dans cette démarche. Le bénévolat se heurte aux mêmes interrogations sur la nature véritable d’un geste qui serait déséquilibré, celui qui donne soulageant sa conscience à bon compte et celui qui reçoit étant déprécié et en position de dépendance (comme l’énonce le proverbe africain « la main qui donne est toujours plus haute que celle qui reçoit »). Le bénévolat peut-il se détacher de ces critiques qui l’accompagnent ? On peut peut-être avancer sur cette question en regardant de plus près les motivations profondes de celles et ceux qui s’engagent : altruisme, envie d’être utile et quête d’un autre type de relation ou manque à combler, compensations et recherche d’un sentiment de puissance ? Il est bien entendu difficile de généraliser. On retrouve certainement tous ces cas de figure. Les uns vont agir par conviction religieuse. D’autres, déçus par la superficialité des rapports sociaux, sont en quête d’une relation humaine plus authentique. D’autres encore aident leurs prochains parce qu’ils ont eux-mêmes trouvé des mains secourables quand ils en ont eu besoin. Et puis, il y a celles et ceux qui tentent à réparer tout un pan de leur histoire personnelle (culpabilité ancienne, dette à acquitter, manque à combler).

 

Donner, c’est aussi apprendre à recevoir

Mais, finalement quelles que soient les raisons multiples et diverses, lorsqu’on se donne aux autres, on reçoit toujours quelque chose en échange, même à titre symbolique. C’est dans ce sens que l’on peut affirmer que le don n’est jamais gratuit ! Toute la question est donc bien de savoir comment passer de la pulsion farouche d’aider, à la volonté humble de recevoir et d’apprendre de l’autre … Ce passage d’une posture conquérante sur l’autre à une position où on le considère comme son égal en dignité, nécessite une authentique entrée en relation, débarrassée de toute tentative de se mettre en valeur, de se donner bonne conscience ou de vouloir uniquement régler ses propres problèmes. Ce dont il s’agit, finalement, c’est de faire jouer une simple et sereine solidarité humaine, celle qui s’applique naturellement au sein de la famille ou de la communauté d’origine et de l’étendre à un inconnu que rien ne prédisposait à croiser notre chemin. On est dans un passage de relais, dans la transmission d’une dette. Ce que nous avons reçu comme aide et accompagnement, ne serait-ce qu’au travers du dévouement de nos parents, nous le faisons transiter, à la charge de celui ou celle qui le reçoit de s’en faire à son tour le transmetteur. Un peu comme si celui ou celle qui est aujourd’hui destinataire allait se trouver dans l’obligation de s’acquitter de son dû à notre égard, en se tournant à son tour vers un(e) autre qui aurait besoin d’un geste de solidarité… Le don aurait alors engendré une dette qui ne pourrait se libérer qu’au travers d’un nouveau don, dans une sorte de chaîne sans fin qui relierait les êtres humains les uns aux autres. 

 

Les jeunes et le bénévolat

Au terme de notre cheminement, on comprend aisément tous les avantages que l’éducation peut tirer du bénévolat. A une époque où l’on se plaint des jeunes générations à qui tout serait due, et qui n’auraient pas conscience de la valeur des choses, le don de soi apparaît comme éminemment thérapeutique ! Quoiqu’il faille parfois se méfier des idées reçues (3). On parle aisément de la jeunesse actuelle comme moins politisée et moins révoltée que les générations qui l’ont précédée. Pourtant, interrogés sur leur participation à au moins une manifestation de rue, les 18-29 ans répondaient positivement pour 41% d’entre eux en 1999, contre 34% en 1981 ! Ce qui a surtout changé, ce n’est pas tant l’engagement que la forme qu’il prend. La jeunesse contemporaine aurait plutôt tendance à rejeter toute idéologie qui propose une vision totalisante du monde. Elle est méfiante vis-à-vis des logiques d’appareil et donc de la politique instituée et préfère les engagements ponctuels, monothématiques et efficaces. A preuve ces 20.000 candidatures présentées pour les 2.500 postes proposés par les associations de volontariat. Et qu’on ne dise pas qu’il s’agissait sans doute là de jeunes sans projets, ni qualification : la plupart d’entre eux, avait une formation à Bac + 3. Comment comprendre cette quête qui peut apparaître comme autant de temps perdu dans un monde dominé par la concurrence sauvage, la course à la performance et l’exigence d’excellence ? Il suffit d’écouter celles et ceux qui sont passés par cette expérience. Ce qu’ils en ressortent ? Une prise de confiance en eux, une valorisation dans le regard de l’autre, un sentiment d’utilité, la volonté de s’engager dans un projet personnel et de sortir de l’état de consommateur pour entrer dans une dynamique d’acteur. Si le bénévolat peur ainsi transformer l’individu en lui apportant une ouverture d’esprit, une tolérance plus grande et une mobilité accrue, c’est parce qu’il permet de mesurer à quel point le monde ne se limite pas à son petit univers. Il pousse à s’exposer au regard et à la critique de l’autre et à s’engager avec lui dans une co-construction de la société dans lequel on vit en commun. Il vient en outre démystifier des rapports sociaux que l’on prétend bien à tort résonner des seuls échos de la compétition, de l’excellence et de la confrontation. Si notre vie ressemble trop souvent à une jungle féroce et sans pitié pour les plus faibles, un autre type de relations est possible, des valeurs frappées au sceau de la solidarité et de la fraternité existent. Il nous revient d’avoir en tant qu’adultes en général, et en tant qu’acteurs du social en particulier, à porter très haut ces convictions pour les faire vivre et progresser. 

 

 

(1) fondateur et animateur du « Mouvement Anti Utilitariste en Science Sociale » (MAUSS), association de chercheurs ayant pris le nom éponyme du sociologue à l’origine des travaux sur le don et le contre-don
(2) « Raisons pratiques » Pierre Bourdieu, Seuil, 1994, p.179
(3) « L’engagement des jeunes dans la solidarité internationale » INJEP, 2004

 

A lire interview Ott Laurent - Bénévolat

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation  ■ n°56 ■ fév 2005

 

 

Concurrence déloyale ?

La compétition existe-t-elle dans les économies du don ? Tout à fait, mais d’une manière radicalement opposée à la nôtre : « au lieu de lutter pour accumuler le plus possible, les gagnants étaient ceux qui s’arrangeaient pour donner le plus possible. Dans des cas fameux, comme celui des Kwakiutl de la Colombie britannique, cela pouvait déboucher sur de dramatiques défis de générosité par lesquels des chefs ambitieux s’efforçaient de s’écraser les uns autres en distribuant des milliers de bracelets d’argent, de couvertures ouvragées, ou des machines à coudre Singer et même parfois en détruisant leurs richesses ils jetaient alors à la mer des bijoux de famille réputés ou mettaient le feu à d’énormes piles de biens précieux pour défier leurs rivaux de faire de même. » David Graeber

(http://www.revuedumauss.com.fr)

 

Les primitifs vivent en nous

Le lecteur attentif mais néanmoins sceptique pourrait fort bien nourrir quelque moquerie face à ces curieuses pratiques de dilapidation destinées à se faire bien voir. Il pourrait même être tenté de les attribuer à l’archaïsme de populations au demeurant primitives. Ce serait faire fi d’une coutume bien contemporaine qui intervient rituellement en fin d’année et qui consiste à dépenser des sommes parfois non négligeables, pour couvrir ses proches (ou moins proches) de cadeaux, une compétition étant souvent engagée pour savoir qui offrira le présent le plus onéreux ou le plus prestigieux. Ce n’est pas parce que cet usage fait la fortune des commerçants qu’il ne relève pas pour autant de l’esprit du don en général et qu’il ne se rattache pas en particulier à ces traditions ancestrales dont le lecteur aurait pu se gausser quelques instants auparavant.

 
 
Facteurs d'incitation au bénévolat
▪       Avoir le sentiment d'accomplir quelque chose d’utile
▪       Recevoir une reconnaissance de ce qui a été accompli
▪       En retirer un épanouissement personnel
▪       Vouloir rendre un bienfait reçu
▪       Faire évoluer la société
▪       Connaître le bénévolat pour avoir vécu entouré de bénévoles
▪       Constituer un réseau relationnel, avoir le sentiment d'appartenir à un groupe.
 
Facteurs de découragement
▪       Confrontation à l’inefficacité d’une gestion désordonnée
▪       Non reconnaissance par le conseil d’administration de l’association
▪       Indifférence du personnel de l’association
▪       Absence de formation
▪       Isolement par rapport aux autres bénévoles
▪       Tâche confiée peu adaptée à ses souhaits
▪       Retrait des petits avantages dont on bénéficiait jusqu’alors
▪       Financement insuffisant de l’action
 
 

« Notre pays compte 2.500.000 chômeurs. Est-il acceptable de consacrer bénévolement du temps à des activités qui pourraient déboucher sur des créations d’emploi ? Cela revient à priver de travail ceux qui en cherchent. La meilleure démonstration de cette affirmation a été donnée par les emplois jeunes qui ont été créés par milliers dans les milieux associatifs. C’est bien la preuve qu’il y avait des besoins à satisfaire qui ne l’avaient pas été jusque là à cause du « travail au noir » des bénévoles. Même s’ils croient faire bien et pensent poser un acte civique, ils prennent leur gagne-pain à des chômeurs, en rendant service à nos dirigeants qui ne voient pas alors la nécessité de répondre aux demandes puisque celles-ci sont comblées par le bénévolat. » Martine Renion, animatrice Beatep, anciennement emploi jeune

 

 


Fiche n°1 : Le bénévolat en France

Le nombre des bénévoles n’a cessé d'augmenter ces dernière années : 12 millions en 2002, contre 10,4 millions en 1996, 9 millions, en 1993 et 7,9 millions en 1990. Il en va de même pour la durée moyenne de temps consacré au bénévolat qui est passée de 20 heures mensuelles en 1993 à 23 heures en 1996. L'impression de crise que donne le bénévolat serait donc plus liée à l'inadaptation du monde associatif ancien qui a du mal à attirer de nouveaux bénévoles qui affluent vers des associations nouvelles. Concernant les domaines d’intervention, 51,1 % des bénévoles se retrouvent dans les secteurs respectivement des sports et des loisirs (36,3 %), ainsi que de la culture et des arts (14,8 %). Les trois autres secteurs par ordre d’importance sont : le social (13,3 %), la santé (7,3 %) et l’environnement (5,6 %). On compte chez les Hommes 25,2 % qui font 25 heures en moyenne de bénévolat par mois et chez les femmes 21,7 % qui font 20 heures mensuelles.

Il n’y a pas de différences considérables dans l’investissement bénévole, selon la classe d’âge :

▪       18 - 24 ans             24% de bénévoles
▪       25 - 34 ans             21% de bénévoles
▪       35 - 44 ans             30% de bénévoles
▪       45 - 54 ans             27% de bénévoles
▪       55 - 64 ans             23% de bénévoles
▪       65 et plus               17% de bénévoles

 On trouve par contre plus de disparités selon la catégorie professionnelle :

▪       cadre supérieur                                39,4 % des bénévoles      23h moyenne/mois
▪       profession intermédiaire                   32,6  % des bénévoles     19h moyenne/mois
▪       employé                                            23,5  % des bénévoles     19h moyenne/mois
▪       ouvrier                                              18,4  % des bénévoles     24h moyenne/mois
▪       étudiant écolier                                 26,7  % des bénévoles     32h moyenne/mois
▪       retraité                                              19,3  % des bénévoles     28h moyenne/mois
▪       autre inactif                                       19,9  % des bénévoles     20h moyenne/mois

De même pour le niveau d’études qui implique des différences allant de 1 à presque 4 fois plus :

▪       Aucun                                                                             9,4   % des bénévoles
▪       CEP                                                                                17,3 % des bénévoles
▪       BEPC                                                                              29,9 % des bénévoles
▪       CAP-BEP                                                                        23,1 % des bénévoles
▪       Bac-BP-BT                                                                      35,9 % des bénévoles
▪       Deug-DUT-BTS                                                               34,1 % des bénévoles
▪       Diplôme de 2ème ou 3ème cycle, grande école             28,5 % des bénévoles
             Ensemble                                                              23,4 % des bénévoles

Deux séries de motivations à l’investissement bénévole apparaîssent : 

▪       "pour s'engager, pour servir les autres :
        31 %  sont aiguillonnés par le besoin de  «  faire quelque chose pour les autres",
        25 %  pour "avoir le sentiment d'être utile à la société
▪       pour faire quelque chose avec d'autres personnes :
        20%  recherchent d'abord la convivialité.
        l7%   déclarent pratiquer une activité pour soi-même

D’après France Bénévolat (127 rue Falguière, Hall B1, 75015 PARIS)

 

 

 

Fiche n°2 : Le travail en CVL et le bénévolat

Les centres aérés proposent souvent un horaire de travail allant de 45 à 50 heures hebdomadaires. Quant aux centres avec hébergement, compte tenu du lever échelonné qui commence parfois à 7h30-8h00 (pour les enfants les plus matinaux), du coucher qui se fait (selon les âges) entre 21h00 et minuit (avec nécessité d’accompagner l’endormissement pendant parfois une heure), des réunions de préparation et du seul jour de congé par semaine, on peut arriver à des horaires hebdomadaires allant de 80 à 100 heures. Ce qui donne une fourchette en CVL de 195 heures minimum et 430 heures maximum mensuelles, l’horaire légal étant de 151,67 heures. L'application du code du travail est tout simplement impossible dans ce secteur. Bernadette Isaac-Sibille, députée UDF du Rhône en expliquait bien les raisons dans sa question posée au gouvernement le 28 février 2000 : rémunérer les animateurs sur la base du SMIC signifierait une augmentation considérable du coût de fonctionnement, portant la charge salariale de 24 % à 46% du budget, obligeant à faire passer le prix moyen théorique par jour de 38,11€  à 53,36 €. L’application des 35 heures, quant à elle ferait tout exploser, condamnant l’existence même de ces centres.  On ne peut que confirmer cette opinion : la rémunération des intervenants ne correspond ni au travail effectué, ni à la qualification, ni à l’expérience de ces derniers. La dimension bénévole est donc omniprésente. Mais, le concept de bénévolat qui se caractérise par un engagement ponctuel et discontinu ne convient pas. Mieux vaut parler de volontariat qui pour s’appuyer lui aussi sur une participation désintéressée, est néanmoins exclusive de toute autre activité, sur un temps donné. Bernadette Isaac-Sibille de continuer en soulignant l'esprit qui préside à l'animation : « l'engagement volontaire des jeunes animateurs apporte aux CVL une dynamique et un espace citoyen. Les animateurs, enseignants, étudiants, lycéens qui consacrent du temps, plus ou moins long, à cette œuvre de solidarité doivent pouvoir le faire dans le cadre d'un statut d'animateur volontaire, afin que la charge des indemnités attribuées ne compromette pas l'équilibre financier des centres de vacances et maintienne les prix des séjours à un niveau abordable pour les familles » Un projet ministériel, présenté en mars 2004, est venu concrétiser ce souhait. Il prévoyait justement la création d’un « contrat d'engagement éducatif dans le domaine de l'accueil collectif de mineurs à l'occasion des vacances, des congés professionnels ou des loisirs ». Explicitement exclu du champ du code du travail, ce contrat concernait toute personne physique âgée de plus de 16 ans exerçant à titre occasionnel et temporaire des fonctions d'animation sur une période allant de 5 jours minimum à 90 jours maximum consécutifs ou non, au cours d'une année civile. Cette activité donnait droit à une indemnité journalière forfaitaire comprise entre 9 fois et 12 fois le minimum garanti qui n’avait le caractère ni d'un salaire ni d'une rémunération. Le projet précisait le régime de protection sociale, les rubriques d’un contrat devant être obligatoirement écrit, les conditions de rupture ainsi que la possibilité de prise en compte des compétences accumulées dans les procédures de validation des acquis de l’expérience. Un nouveau projet de loi complètement refondu a été présenté le 23 octobre qui élargit la cible visée en proposant un « contrat de volontariat » organisant « une collaboration désintéressée entre une personne physique, dénommée volontaire, et une association » ayant «  pour objet l'accomplissement, sur le territoire national, d'une mission d’intérêt général à caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, environnemental ou culturel. » Le Conseil National de la Vie Associative, consulté, a rendu, le 15 novembre, un avis d’une grande pertinence (consultable sur www.planetanim.com). L’examen de ce projet par le gouvernement, prévu début 2005, pourrait s’en trouver retardé. Le statut pour les animateurs occasionnels est donc en bonne voie.

 

 

Fiche n°3 : Bénévole versus professionnel

Le professionnel a tendance à ressentir une certaine résistance face au bénévole. A cela deux raisons au moins. La formation qu’il a reçue l’a doté d’une qualification qu’il entend faire valoir face à la démarche de celui qu’il perçoit comme un amateur. Seconde raison de sa méfiance : agir sans recevoir de rémunération constitue toujours une menace potentielle à l’intention de son propre statut de salarié (si quelqu’un peut faire le même travail sans être payé, ne va-t-on pas, à terme, supprimer son poste ?). Le bénévole quant à lui, ressent avec une certaine irritation cette défiance qu’il considère comme une forme de mépris et de non-reconnaissance de la bonne volonté et de la bienveillance avec laquelle il s’engage. Pour autant, les valeurs véhiculées par ces deux acteurs bien différents, loin de s’opposer peuvent tout à fait se compléter. Ainsi en va-t-il de l'efficacité, du savoir et de la compétence du professionnel qui, confrontés à une course en avant effrénée et épuisante semblent parfois dériver vers la démotivation, l’épuisement et le désinvestissement. Toutes choses que l’engagement volontaire du bénévole évite (si ce n’est pas le cas, le bénévole se retire) grâce à des valeurs comme le partage, la recherche de liens conviviaux, la confiance. Mais, à leur tour, ces valeurs peuvent se confiner à une vision idyllique de la réalité, l’épanouissement personnel que recherche le bénévole, au travers de son action pouvant l’amener à simplifier le réel et à l’interpréter d’une façon qui lui garantisse avant tout, la satisfaction qu’il recherche dans son engagement. Là où la rigueur, l’expérience et le savoir faire du professionnel peuvent être particulièrement précieux au bénévole, l’enthousiasme et l’empressement du bénévole peuvent redonner dynamisme et vitalité au professionnel.



Fiche n°4 : « L’engagement des jeunes dans la solidarité internationale »

L’engagement international est une démarche qui a pris ces dernières années une ampleur inégalée avec notamment ce Service Volontaire Européen, institué en 1996, qui propose à tout jeune âgé de 18 à 25 ans de se mettre, pour une période de 6 à 12 mois, au service d’une association de l’un des trente pays de l’Europe (le volontaire étant logé, nourri par l’association qui lui verse une indemnité).  Mais l’engagement volontaire ne peut se décliner sur un mode unique. Cela peut aussi prendre la forme de ces chantiers de solidarité internationale qui proposent aux jeunes occidentaux une démarche auprès de populations en difficulté avec à la clé une terrible mais salutaire découverte des limites e de l’égocentrisme et la transformation des relations entre assistants et assistés en rapports de partenariat. On aura compris que cet engagement peut prendre des formes très diversifiées : du collectif à l’individuel, du régulier au ponctuel, du temps plein (ce qu’on appelle le volontariat) au temps partiel (c’est le bénévolat qui s’exerce aux côtés d’un emploi salarié, durant son temps libre). C’est justement cette diversité qui a rendu nécessaire l’élaboration d’un cadre législatif. Un projet de loi, en cours de vote en cette fin 2004, institue un Contrat de volontariat de solidarité international. Il s’agit de proposer un statut légal à l’action des jeunes volontaires qui permette une dérogation au code du travail, tout en veillant plus particulièrement à leur protection sociale et à leur formation. Une démarche d’engagement solidaire se situe à la rencontre d’un désir individuel et d’un besoin collectif. S’il s’agit bien de renoncer à une parcelle de sa liberté (en offrant son temps, sa force de travail, voire sa personne physique), c’est bien en échange d’une réalisation personnelle. C’est cet équilibre que doit garantir ce nouveau statut. Reste à s’y retrouver dans ce qui peut très vite apparaître comme une forêt vierge. Le guide proposé par l’INJEP répondra à toutes celles et tous ceux qui désirent y voir un peu plus clair. On y trouvera non seulement le mode d’emploi du volontaire mais un fichier particulièrement précis et complet des associations qui oeuvrent dans la solidarité internationale. Un ouvrage qui s’impose donc pour qui veut en savoir plus et pourquoi pas franchir le pas.

« L’engagement des jeunes dans la solidarité internationale » INJEP, 2004.

 

 

 

Bibliographie

►  « Ce que donner veut dire : don et intérêt » Revue du MAUSS semestrielle n° 1, 1993, 274 p.

Comme les hommes de toutes les époques et de toutes les cultures, nous aimons nous croire généreux : c’est, en définitive, de notre capacité à donner que nous tirons notre fierté. Mais nous ne savons pas, ou plus, ce que donner veut dire. Pour le sens commun, les pratiques de don sont des à-côtés de la vie : elles n’ont pas l’importance des choses vraiment sérieuses que sont la famille, le travail ou la santé. Pour les sciences sociales, le don est mensonger : derrière lui se cacherait l’intérêt égoïste. Pour la philosophie et la religion, le don relève de la grâce : c’est un geste pur, éthéré, sans auteur ni récepteur. Et pourtant le don est bien plus que tout cela, et il joue un rôle fondamental dans le fonctionnement des sociétés, y compris les plus modernes. Si, dans les sociétés archaïques, don et contre-don formaient un système social global, tout entier commandé par l’obligation de donner la vie, la mort et les paroles, et dans les sociétés modernes, les pratiques de don et leurs représentations doivent être comprises comme des fragments de ce système originel.

►  « Don, intérêt et désintéressement : Bourdieu, Mauss, Platon et quelques autres » Alain Caillé, La découverte, 1994

En tant qu’hommes et femmes modernes nous nous trouvons écartelés entre deux séries de certitudes et d’exigences parfaitement inconciliables. D’une part, notre époque nous pousse impérieusement à croire que rien n’échappe à la loi toute puissante de l’intérêt et qu’il nous faut nous-mêmes nous y plier en devenant des « calculateurs » avisés. D’autre part, nous aspirons tous à nous y soustraire pour accéder enfin à cette pleine générosité, à ce don pur et entier, que la tradition religieuse dont nous sommes issus nous enjoint de rechercher. Mais c’est là une tâche impossible, rétorque la première croyance pour qui rien n’échappe au calcul, si bien qu’il ne saurait exister de générosité et de don que mensongers. Alain Caillé explore cette contradiction en préconisant une conception du don plus harmonieuse et raisonnable à égale distance du cynisme et de l’idéalisme.

►  « Bénévolat et solidarité » Dan Ferrand-Bechman, Syros, 1999   

Le bénévolat est à la fois aux confins de nos traditions et de notre civilisation : il est le dynamisme secret, le ressort du lien social et de la convivialité. Les citoyens bénévoles interviennent sur les problèmes concrets, hors des chemins bureaucratiques. Ils suggèrent des alternatives et sont les pionniers des domaines aussi divers que la santé, le sport, l’éducation, l’environnement, dans des domaines aussi variées que le soutien scolaire aux enfants, l’accompagnement aux mourants et le combat contre la pauvreté. Citoyens de l’urgence, médiateurs des problèmes criants non résolus, les bénévoles ont quitté l’âge de la charité pour entrer dans celui de la dissidence : ils n’ont pas fini de questionner la société sur son sens de la fraternité et de la solidarité.

  « Le guide du bénévolat 2003 » Marc Dennery, Martin Lacroux, Prat édition, 2002

Suis-je fait pour le bénévolat ? Comment être un bénévole efficace ? Quelles sont les compétences que je peux apporter à une association ? Où dois-je m'adresser ? Comment créer une association ? Comment l'animer ? Quelles difficultés vais-je rencontrer ? Comment sortir du bénévolat ? Devenir bénévole n'est pas toujours facile. Dans certains cas, des compétences techniques et une solidité psychologique sont nécessaires. L'analyse des ses motivations est indispensable pour ne pas se tromper de voie et voir son investissement rapidement s'essouffler. Ce que nous propose cet ouvrage qui aborde également les questions juridiques que peuvent se poser non seulement les bénévoles mais aussi les associations qui les emploient, ainsi que la façon dont peuvent se régler les problèmes ou litiges opposant bénévoles et associations.