Lepers Didier - SDAPP

Didier Lepers est directeur du Pôle de la Solidarité
 
Qu’est-ce qui a pu pousser votre institution à s’intéresser au sort de ses agents ?
Didier Lepers : Le travail social a changé. Autrefois, l’essentiel était d’ordre pédagogique : comment  accompagner les populations vers une amélioration de leur situation ? Aujourd’hui, la question est plutôt : comment les aider à survivre ? Nos institutions doivent suivre cette évolution, les pratiques des professionnels aussi. Il est nécessaire de redonner du sens et de l’impulsion à l’action sociale, mais aussi de répondre à la souffrance induite chez les travailleurs sociaux. Ne pas le faire, ce serait prendre le risque de les voir se positionner en miroir à l’égard des usagers et de provoquer un phénomène boule de neige dans le mécanisme la plainte. Quand on veut que le public soit bien traité, on fait en sorte que les agents chargés de les recevoir se sentent bien. Le SDAPP permet de sérier les problèmes en distinguant ce qui relève de la fatigue professionnelle et ce qui correspond plus aux dysfonctionnements institutionnels. Mais, il ne fait que prolonger tout ce qui avait déjà été fait, au préalable.
 
Pourquoi y arrivez-vous là où tant d’autres semblent même ignorer cette problématique ?
Didier Lepers : Je ne sais pas tout ce que peuvent faire les autres, ce que je peux vous dire, c’est que l’action que nous avons engagée n’a, pour nous, rien d’extraordinaire. J’aurais plutôt tendance à penser que c’est naturel. Sa réalisation est pour beaucoup liée, je crois, à une longue tradition de dialogue social dans notre département marqué par une forte représentation syndicale des travailleurs sociaux. Mais, il y a aussi une véritable volonté de l’administration d’attitude de bientraitance à l’égard de ses personnels. Et puis, c’est une question de choix et de priorité. Mais je peux vous assurer qu’au final, tout le monde s’y retrouve.
 
Pourtant, un certain stress semble perdurer lié à la territorialisation que vous avez entreprise ?
Didier Lepers : L’assemblée départementale a décidé de diviser le département en neuf territoires autonomes hiérarchiquement du siège. Théoriquement il aurait fallu un temps très court entre la conceptualisation de cette réorganisation et sa réalisation. Cela n’a malheureusement pas été possible. Nous sommes soumis aux procédures de réaffectation dans le cadre des mutations de postes. Ainsi, pour attribuer les neuf places d’agents d’accueil créés, nous avons du traiter 86 candidatures ! Si la territorialisation est officielle depuis janvier 2005, les cadres locaux viennent tout récemment de prendre leur poste. Les difficultés auxquelles nous avons du faire face pour la mise en œuvre de ce projet ont créé un sentiment de lassitude. Mais au final, cette territorialisation participe de la lutte contre l’usure professionnelle. En créant neuf directions proches du terrain, on favorise l’écoute et on donne plus de souplesse et de moyens pour trouver des solutions.
 

Lire le reportage : SDAPP - Arras (62)


Propos recueillis par Jacques Trémintin
LIEN SOCIAL ■ n°833 ■ 22/03/2007