Roche Didier - Protection de l'enfance

Claude Martin identifie chez les thérapeutes ou chez les éducateurs qui s’occupent d’adolescents des pulsions et des fantasmes hétéro ou homo sexuels, voire pédophiles qu’elle considère comme positifs tant qu’il n’y a pas de passages à l’acte. Qu’en pensez-vous ?

Didier Roche : La question que vous posez revient à s’interroger sur la façon qu’il convient d’aimer un enfant, sur la qualité d’amour qui lui permet dans sa rencontre avec un adulte, de grandir. Tout être humain, quel que soit son âge, possède un univers imaginaire et fantasmatique fruit de son histoire qu’il projette sur les autres. C’est le plus souvent ces envies de meurtre qu’un individu normal a au moins quatre fois par jour, quand il est frustré dans sa rencontre avec l’autre, sans pour autant qu’il y ait dans la quasi-totalité des cas, jamais passage à l’acte. Il en va de même pour des sentiments tendres et affectueux qui vous donnent envie de prendre certaines personnes qui vous rendent un service, dans vos bras. Ce n’est pas pour cela que vous le faites. Mais pour que la relation soit authentique, il faut reconnaître et accepter ses propres sentiments. C’est ce qu’on appelle dans la psychanalyse le contre-transfert. Il y a toujours des jeux d’identification et de projection entre les personnes. Aimer un enfant, c’est d’abord lui apporter de l’affection. Mais le risque, c’est de l’aimer pour soi, d’en faire un objet que l’on possède, en ne supportant pas qu’il nous échappe. Cette emprise qu’on établit alors sur lui le transforme en objet et l’enferme dans ce qu’il est ou dans le projet qu’on a pour lui sur l’enfant en voulant l’enfermer dans ce qu’il est en l’empêchant de devenir autre, vouloir l’enfermer. L’éducation consiste à l’accueillir tel qu’il est, tout en sachant qu’on ne le reverra plus jamais comme on l’a vu aujourd’hui. Ce sont ces fantasmes là qui sont les plus dangereux C’est non seulement accepter qu’il se transforme, mais l’aider à ouvrir la porte de son avenir. Cela peut être un objet libidinal sexuel.

 

Avec les enfants qui ont souffert de manque d’amour, un éventuel passage à l’acte sexuel est beaucoup plus probable, car il projette sur l’adulte qui l’investit une image de parent idéalisé, ce qui provoque chez l’adulte une gratification devant tant d’amour. Avec réassurance par le contact physique. Comment assumer cette demande de la part de l’enfant ?

Didier Roche : L’important c’est que l »’enfant se sache entendu dans sa demande pantagruélique. On donne beaucoup parce qu’on demande beaucoup,à l’enfant. Pédagogue extrêmement exigeante tant pour l’enfant que pour l’adulte. On ne peut pas ne rien demander en échange. Demande des efforts considérables sur eux-mêmes. Pendant longtemps l’enfant jette les choses qu’on lui demande. Il ne peut accepter ces preuves d’amour. Surgfratification ne signifie pas budget sans limites. Générosité est le pendant du degré d’exigence. L’enfant soit avoir les preuves est dans une générosité totale à son égard. L’enfant ne croit plus dans le monde des adultes. Il est soit dans la révolte, soit dans des position dépressives abandonniques. Il faut déjà qu’il retrouve la confiance. Il faut qu’il mange bien. Il  a peur de manquer d’amour. La façon de faire un repas est signifier son amour. Au foyer, on utilisait des  assiettes plus petites que la taille standard qu’on remplissait bien. Avec des choses savoureuses. Des enfants habillés n’importe comment avec les vêtements des frères et des sœurs ou qu’ils ont volé. Là on fait attention à leur élégance et leur coquetterie. Il s’agit ni plus ni moins qu de faire ce qu’on ferait pour son propre enfant en y mettent juste un petite peu plus, car ces enfants n’ont effectivement pas été habitué à bénéficier de l’affection normale. Au départ, il faut que les choses se voient

           

 

Propos recueillis par Jacques Trémintin

Mars 2005