Oeuvre de l’Abbé Denis, CNPE PJJ (94 rue de Garches 92420 Vaucresson), 1994, 198p

Le Placement Familial de l’Oeuvre de l’Abbé Denis accueille à Pau depuis 1973 des adolescent(e)s en souffrance et en rupture, dans le respect de leur histoire, de leur passé, de leur personnalité et de leur rythme.

Cette expérience, ils sont nombreux à l’avoir accumulée: assistantes maternelles, éducateurs, psychologues, mais aussi magistrats et autres intervenants extérieurs. Ils ont eu envie de transmettre toutes ces richesses ainsi capitalisées. Mais qu’il est difficile de théoriser cette capacité d’improvisation, d’écrire sur cette alchimie complexe que constitue l’acte éducatif. Alors, ils s’y sont mis toutes et  tous. Le résultat c’est un livre édité en 1994 par le CNFE-PJJ (1).

Prendre en charge un(e) adolescent(e) en difficulté, c’est se confronter à son retard scolaire, à sa fuite en avant et à sa recherche du plaisir immédiat. C’est prendre en charge un être écorché et carencé, avide de confiance et de sécurité. C’est lui offrir une famille qui soit lieu-ressource où se ravitailler tant au niveau affectif et relationnel que cognitif. Mais cet espace, si le jeune l’investit, c’est aussi pour l’habiter de ses fantasmes, de ses fantômes et de ses peurs. C’est ici, que le rôle du service employeur joue à plein pour soutenir la famille d’accueil et éviter qu’elle ne devienne un champ de bataille. Confrontée aux projections monstrueuses de l’adolescent(e), il lui faut être suffisamment fiable et contenante pour permettre un début de reconstruction. Car, c’est bien sur cette scène que peut être ré-expérimentée de façon métaphorique le lien de filiation. Pour peu que son expérience familiale primaire ait été relativement satisfaisante, le travail pourra s’effectuer dans ce lieu d’accueil dans un échange réciproque au cours duquel enfants et adultes se répareront mutuellement.

Ce livre alterne  élaboration théorique et vignettes cliniques qui sont autant de présentation des temps forts ou plus ordinaires de la prise-en-charge. A lire notamment le récit sur Brigitte qui retrouve, après douze années de placement un père et une famille qui l’attendaient. Comme quoi, les histoires qui se terminent dans le bonheur, ça existe aussi dans le social !

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°348 ■ 11/04/1996