Le projet indiviudalisé dans l’accompagnement éducatif – Contexte, méthodes, outils

Jacques Danancier, Dunod,  1999, 196 p.

Un certain nombre de réalités sont venues démontrer la nécessité d’adapter l’aide dispensée traditionnellement d’une manière assez indifférenciée, en fonction des besoins et des attentes de chaque personne en particulier. C’est d’abord, le fait que chaque usager est en mouvement et peut bénéficier d’une progression toujours possible. C’est ensuite, qu’il n’existe pas le concernant de parcours standard, du fait même du caractère unique de son développement et ses centres d’intérêt. C’est enfin, que l’objectif pour lui ne se limite pas seulement à l’accession à des apprentissages délimités mais englobe toutes les dimensions de sa vie. L’action socio-éducative ne peut donc plus faire l’économie de deux notions clefs : l’évaluation de son parcours (pour savoir où il en est et ce qui reste à gagner en progression) et son adhésion au déroulement du processus engagé. La dynamique qui relie le projet institutionnel au projet d’établissement, lui même combiné au projet pédagogique et thérapeutique qui s’articule avec le projet individualisé, devient aujourd’hui incontournable. L’absence, dans certains établissements, de cette chaîne, s’accompagne le plus souvent d’une perception péjorative et négative de la population accueillie, d’un extérieur vécu comme menaçant, de professionnels figés dans leur rôle et leur statut et de répétition de situation de violence. L’élaboration du projet individualisé doit tenir compte des effets imaginaires et des croyances véhiculés par les usagers et leur famille et se donner les moyens de leur analyse et de leur pondération. Il doit mettre en oeuvre la personne dans sa globalité, son humanité et l’ensemble de ses droits. Il doit aussi développer ses compétences sociales (augmentation de son autonomie, diversification de ses modalités d’appartenance, élargissement de son environnement). Jacques Danancier présente dans son ouvrage les modalités d’élaboration d’un référentiel souple et adapté, adossé à des références théorique multiformes, en adéquation à la population reçue et à la culture institutionnelle, susceptible d’être appropriée par les acteurs de l’accompagnement. Intitulé Rocs, cette méthode est conçue et construite au sein de chaque institution qui souhaite se doter de cet outil. Il s’agit dans un premier temps de définir cinq dimensions. Le plus souvent, les notions retenues sont choisies parmi les suivantes : vie sociale, vie affective, présence dans l’environnement, vie intellectuelle et culturelle, rapport au corps et à la santé, vie quotidienne, affirmation de soi. Ensuite, à partir de chacune de ces dimensions, sont définis cinq critères, chacun d’entre eux étant divisés en cinq degrés de progression.  Chaque usager se retrouve doté de score dans chacune des échelles ainsi identifiées. L’ensemble peut être intégré sous forme de tableau ou de graphe, l’idée étant de pouvoir comparer d’une période ses progressions ou ses régressions enregistrées.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°567  ■ 08/03/2001