Déontologie de la relation à l’usager - Dans les services et établissements sociaux

Yves LE DUC, Dunod, 2000, 166 p.

Les années 80 ont connu une prise de conscience tout à fait nouvelle dans la vision de l’usager : derrière la personne objet de l’aide se dresse un sujet de droit  qu’il faut respecter en tant que tel, au-delà de ses difficultés. On s’est mis à découvrir sous un tout autre angle l’enfant mineur, la personne âgée ou le malade hospitalisé, mais aussi l’immigré menacé d’expulsion mais bénéficiaire du droit à la vie familiale ou encore le prisonnier qui peut invoquer la Convention européenne des droits de l’homme pour s’opposer à l’arbitraire des conditions dans lesquelles il est traité. Pour autant, l’usager des services sociaux conserve encore face aux services ayant pour fonction de leur venir en aide un statut très précaire et ambigu. Cela tient en premier lieu parfois à sa situation juridique d’incapable civil ou civique. C’est aussi lié à leur caractéristique de public captif. On ne peut que constater l’énorme retard pris par les services, par exemple en matière d’information. Il en va de même concernant les droits fondamentaux des usagers qui doivent pourtant entrer dans les projets de service et d’établissement comme axes incontournables dans l’organisation du quotidien : droit à l’intégrité physique et morale, droit à la dignité, respect de la vie privée, de l’intimité et de l’identité.  La plupart des professions ont souhaité codifier les devoirs inhérents à l’exercice de leur métier. Toute une série de codes de déontologie ont ainsi été élaborés dont on peut attendre qu’ils garantissent ces droits (code de l’ANAS, de l’ANCE ou de  l’ANPF, code des psychologues ou des infirmiers...) Ces textes de référence « ne visent pas à fonder des normes d’action commune, mais davantage à proclamer certaines valeurs constitutives de ces interventions » (p.107). Ils sont aussi là pour réguler les relations du professionnel avec son employeur. L’intervenant est bien entendu soumis à l’autorité qui l’emploie. Il ne peut donc pas négocier librement avec l’usager la nature du service rendu. Son activité n’est pas pour autant standardisable et ne peut se réduire à la simple exécution d’une tâche. Il est, au contraire, en adaptation permanente. Se situant, en outre, avant tout, dans le cadre du respect de l’intérêt général des usagers et dans une logique de travail social citoyen, l’intervenant se doit d’agir pour favoriser la redéfinition permanente des missions de l’action sociale dans le sens de cet intérêt. L’ouvrage d’Yves Le Duc vient ici à point nommé pour repréciser les droits des usagers et les obligations que les professionnels ont à leur égard. L’auteur nous propose un véritable état des lieux et nous présente un commentaire fouillé des différents textes légaux et réglementaires, ainsi qu’une vision critique des codes de déontologie.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°555 ■ 07/12/2000