Evaluation en travail social

Les Cahiers de l’Actif, n° 288/289 & 290/291 Mai-Août 2000, 260 p. (259 avenue de Melgueil BP 3 34280 La Grande Motte)

L’évaluation de l’action sociale est apparue au croisement de deux dynamiques. La première est politique : c’est la volonté de rapprocher les coûts et l’efficacité dans une volonté d’économie des dépenses engagées. Elle correspond à une logique de contrôle et d’ordre garante devant l’électeur d’une bonne gestion. Même si chercher à appréhender l’efficience d’établissements financés par les contribuables n’a rien de scandaleux en soi, ce n’est toutefois pas le registre privilégié par les professionnels qui préfèrent quant à eux -et c’est la deuxième dynamique évoquée- la qualité du service rendu : comment peut-on accroître le potentiel de la personne à restaurer toute ou partie de sa capacité à s’ajuster à son environnement. L’ambiguïté entre ces deux orientations n’a jamais été levée. Ce qui explique les méfiances et hésitations des professionnels. Leurs résistances sont nombreuses. Elles sont d’ordre éthique (refus d’enfermer les personnes dans des cases ou de rigidifier leur situation), technique (les situations humaines seraient trop ineffables, trop indicible) ou encore idéologique (prétexte à un contrôle social). Ce qui complexifie encore la situation, c’est que les tendances méthodologiques prêtent plus qu’ailleurs à discussion. Ainsi, de cette intervention d’un évaluateur extérieur au champ qui apporte peut-être une garantie de neutralité, mais n’en présente pas moins le danger d’une inadéquation dans la compréhension du monde de l’inadaptation. Autre dérive possible, l’identification entre rigueur intellectuelle et chiffres. Les statistiques, si elles permettent d’éclairer la réalité sociale ne sauraient se confondre avec elle ! Encore, cette confusion entre des outils conçus pour le sanitaire et ceux utilisables pour la mesure de l’aptitude à la vie en société. Alors que c’est la relation qui doit être jaugée et non l’individu. On ne peut non plus se contenter d’utiliser les outils adoptés en économie : la recherche de minimisation des coûts, la comparaison entre ceux-ci et l’efficacité, l’utilité ou les bénéfices obtenus sont difficiles à intégrer dans la mesure même où on ne peut monétiser l’ensemble des effets des actions engagées. Reste ensuite à choisir entre l’approche évaluative qui conviendra le mieux. Même si on peut appréhender facilement sa définition (« opération qui mesure l’écart entre un résultat et un objectif et/ou qui en recherche les causes » ), l’évaluation peut être appréciative, certificative, critéifiée, diagnostique, formative, formatrice, graphique, instituée, interactive, normative, prédictive, pronostique, rétroactive ou encore sommative. De quoi faire en quelques sorte …Si on y rajoute l’impossible objectivité du fait que le réel n’est jamais connu tel qu’il est, mais tel qu’il est perçu par l’observateur, on comprendra que la tâche est rude ! Le Cahiers de l’Actif proposent néanmoins toute une série de méthodologies qui ont été expérimentées, avec les tableaux, critères et échelles qui s’y réfèrent.         

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°559  ■ 11/01/2001