Philosophie et éthique en travail social
MERLIER Philippe, Éd. EHESP, 2020,188 p.
Tant qu’à choisir, Philippe Merlier renoncerait à la bientraitance (qui s’aligne sur des normes de bonne pratique) pour la bienfaisance (faire le bien d’autrui). Mais, plutôt que la bienfaisance, il opterait pour la bienveillance (veiller au bien d’autrui). Et au lieu de la bienveillance, il préfèrerait la bienveuillance (vouloir son bien). Bienvenue en philosophie ! Ce livre décortique bien des concepts que véhiculent les codes et chartes éthiques. Après l’avoir lu, le lecteur ne pourra plus les utiliser à la légère. Quelques illustrations présentées ici l’en convaincront. Le conseil : conseiller autrui n’est jamais lui dire ce qu’il faut faire, mais recommander, suggérer et guider. Ce n’est pas agir sur sa volonté mais l’aider à décider. Et aider à la décision, c’est réunir les conditions qui facilitent un choix. L’autonomie : jusqu’où laisser une personne libre d’agir, dès lors où elle nuit à ses propres intérêts ? La justice et l’équité : la première subordonne chaque cas particulier au cas général ; la seconde envisage ce qui est juste d’un point de vue individuel. Le consentement : il est formel s’il se réduit à cocher une case, par aveu de faiblesse, soumission devant la force ou pour avoir la paix. Il est personnel s’il est éclairé et assumé en toute connaissance de cause des conséquences. La dignité, c’est reconnaître la singularité du sujet comme représentant unique du genre humain. La fragilité est endogène (condition permanente), là où la vulnérabilité est exogène (car accidentelle). La contractualisation par objectif, enfin : importé du management, le contrat remplace et évite la parole qui engage de façon libre et responsable. Voilà un manuel que l’on pourra toujours garder à portée de main, pour éviter d’utiliser ces mots-valises où chacun met ce qu’il veut.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1293 ■ 13/04/2021