Coproduire le changement par la DPA

PORTAL Brigitte et JOUFFRAY Claire, Éd. EHESP, 2019, 164 p.

L’impérative nécessité du renouvellement et du perfectionnement des techniques d’intervention sociale se combinant avec la perte de sens et la mise à mal du travail social sous les coups de boutoir du néo-libéralisme constituent pour les auteures une opportunité pour développer une approche leur apparaissant comme une réponse potentielle : le développement du pouvoir d’agir pour les personnes et les collectivités (DPA-PC). L’heure est venue de se détourner du modèle de l’expertise unilatérale, du sauveur et du protecteur dont les travailleurs sociaux sont restés longtemps prisonniers, au profit d’une posture de catalyseurs et de passeurs, de personnes-ressources et de facilitateurs. Ce qui implique d’entrer en résonance avec l’ampleur, la force et la vigueur des initiatives des usagers pour autant qu’on leur permette de se déployer. On est là dans une démarche d’accompagnement d’une action conscientisante favorisant chez les personnes accompagnées un processus de contrôle de leur vie et d’affranchissement d’une situation d’impuissance. Ce qui induit de dépasser les seules informations, consultation, concertation, pour entrer avec elles dans une véritable appropriation et coproduction. Trois malentendus sont à écarter. Cette responsabilisation des usagers n’a pas pour fonction de leur faire porter la faute de leurs difficultés, mais de les reconnaître auteurs de leurs choix. Il ne s’agit pas non plus de choisir entre l’action visant à des résultats immédiats et une visée de changements structurels, mais de les combiner. Pas plus que de parler d’une technique qui s’apprendrait et s’appliquerait à chaque fois d’une manière identique, mais de l’expérience qu’on a faite du développement de son propre pouvoir d’agir, que l’on peut, d’autant plus, ensuite transférer.

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1334 ■ 28/02/2023