Maison d’enfants, Foyers d’ados. Plein cadre sur l’expérience d’un Directeur

RUIZ François, Éd. L’Harmattan, 2024, 155p.

Dans le prolongement de son premier essai Il était un éducateur (tremintin.com) , François Ruiz nous donne à nouveau à voir l’arrière-cuisine du fonctionnement d’une maison d’enfants à caractère social médaille, en décrivant le vécu de son Directeur. De sa longue expérience, l’auteur retire trois piliers pour faire vivre cette fonction.

S’appuyer, tout d’abord, sur un projet éducatif seul à même de fédérer autour d’une identité d’établissement, de valeurs et de pratiques communes, de tracer un itinéraire et de donner le cap. Promesse sécurisante et structurante qui permet d’arriver à bon port, avec un idéal partagé.

Le travail d’équipe, ensuite, qui ne se réduit pas au nombre de ses membres, mais doit intégrer la coordination entre chacun d’ente eux. Et l’auteur de décliner les rôles respectifs des secrétaires, maîtresses de maison, psychologues ou chef de service. Toutes et tous remplissent des fonctions qui, pour essentielles au bon fonctionnement de l’ensemble qu’elles soient, ne peuvent se confondre les unes avec les autres, tout en se complétant.

La recherche d’alliance avec les usagers, encore, est d’autant plus incontournable que le service public de la maison d’enfants à caractère social est d’autant plus paradoxal que ceux qui le fréquentent ne souhaitent pas l’utiliser pour 90 % d’entre eux. D’où le travail avec les familles et la recherche d’un minimum d’adhésion chez les mineurs.

Fort de ce triptyque, François Ruiz nous projette dans une succession de ces flashbacks remontant àsa mémoire. Depuis le vol de voiture par Kamel dont la sanction était justement de la nettoyer, jusqu’au retour précipité d’un transfert organisé dans un camping, en passant par les différentes négociations avec son association employeuse autour des réorganisations et créations de services.

L’évolution du secteur de la protection de l’enfance, dont il fut longtemps un acteur créatif et exigeant, le conduit à en regretter bien des dérives.

Cette mode des recommandations de « bonnes pratiques » qui présentent le risque de tuer toute originalité, au nom d’un discours consensuel, lisse, propre et sans saveur excluant une prise de risque limitée au maximum.

Ce métier de directeur qui devient de plus en plus administratif et gestionnaire, éloigné du terrain, des professionnels et des enfants.

Justement, les besoins de ces enfants qui sont de moins en moins pris en compte par le haut de la pyramide, les désidératas du sommet s’imposant à la base dans une logique de plus en plus hors sol.

Il reste à lire et relire ces expériences vécues d’autant plus précieuses qu’elles disparaissent du quotidien au fur et à mesure que les vieilles générations le quittent.