A la vue, à la mort
Calouan et VINCENT Gilles, Éd. Le Muscadier, 2024, 122 p.
Les disparitions de (pré)adolescentes ont fait la une des journaux ces derniers mois. Les prédateurs rodent. Mais pas toujours. Il existe aussi des fugues, symptômes d’un mal-être à prendre en compte.
Zoé, 11 ans, vit dans une famille heureuse. Aucun orage ne vient la perturber. Elle s’intéresse au plus beau garçon de sa classe. L’année prochaine c’est le collège. Elle et est fan de Vianney. Tout va bien.
Cette nuit-là, elle se réveille brutalement. Elle s’apprête à se rendormir, quand elle entend ses parents discuter dans la cuisine au rez-de-chaussée avec une intensité surprenante. Se rapprochant discrètement, elle surprend leur conversation. Sa mère pleure et son père ne cesse de lire et relire à voix haute le rapport du professeur Sfwan : « choloroïde fulgurante ». De ce terme barbare, elle ne comprend qu’une chose : elle va perdre la vue dans les trois mois. Remontant dans sa chambre, elle dresse alors dans le grand secret la liste de ses envies : six souhaits qu’elle veut accomplir avant de perdre définitivement la vue.
Dans les quatre jours qui vont suivre, elle va remplir la mission qu’elle s’est attribuée. Sans ne rien dire à personne, elle va partir. Sa fugue, elle en est consciente, va ravager sa famille d’inquiétude. La police va la suivre à la trace, arrivant juste après qu’elle soit passée à l’étape suivante. Le temps presse pourtant. Car un greffe de la cornée est possible, mais n’est réalisable que dans un délai court. Zoé ne le sait pas. Le lecteur est entrainé dans un road-movie marseillais. De ce rite d’initiation qu’elle s’est fixée elle sortira grandie. Mais en sortira-t-elle guérie ? Le lecteur le découvrira de lui-même.
Ce nouveau roman du Muscadier aborde avec sensibilité et délicatesse ces handicaps qui surviennent dans l’enfance tardive. Rien ne vaut, le plus souvent, la fiction pour sensibiliser un public (pré) adolescent à ce qui peut arriver à certain(e)s de leurs pairs.