Vincent, Benoit, Hugo et les autres… Une enfance en foyer
GRANVAL Daniel, Éd. L’Harmattan, 2023, 173 p.
La dénonciation des agressions sexuelles dont sont victimes les enfants émerge d’un long tabou, sinon d’un déni. Si les requins sévissent surtout dans les familles, pas seulement.
Pour Benoit, cela s’est passé rapidement. L’assistante sociale est venue les chercher tous les quatre avec son frère et ses deux sœurs. Depuis, il vit en foyer avec Hugo le plus jeune de la fratrie. Vincent, lui, a d’abord été emmené par son père dans une famille d’accueil. Il s’y est montré tellement infernal qu’il est arrivé, lui aussi, en foyer.
C’est à hauteur d’enfant que le lecteur entre dans cette maison d’enfant à caractère social. Un quotidien banal fait de chamaillerie et de bêtises, d’amitiés et de rivalités, de tensions avec les éducateurs et des crises de rigolade après les farces qu’on leur fait.
Une fugue vite avortée ? L’occasion de rencontrer un gendarme au grand cœur. Une semaine de transfert passée à la mer et son inoubliable repas au restaurant. Des souvenirs à la pelle qui marqueront à jamais la vie de ces enfants. Des éducs sympas, mais à qui il ne faut pas la faire. L’un au coucher, l’autre au réveil. Le troisième quand on rentre de l’école. Un chef de service qui n’hésite pas à se rebeller contre les décisions hiérarchiques, quand celles-ci lui semblent absurdes.
Voilà un cadre chaleureux et rempli de tendresse bien posé. Certes, ces mômes se sentent abandonnés par des parents qui les délaissent. Mais, au moins, ils ont trouvé des adultes bienveillants avec eux. Enfin pas tous.
Ce serait le cas s’il n’y avait Monsieur Savin, ce directeur toujours prompt à leur imposer la messe et au catéchisme. Pas très catholique celui-là. Surtout, quand il passe la nuit, après le départ des éducateurs, pour se retrouver seul avec les garçons. Un loup dans la bergerie. Mais des moutons qui sauront se défendre. Et les professionnels réagiront, tardivement mais enfin, ils le feront.
Un roman plein de nostalgie dont il ne faut pas rater les cinq dernières pages pleines d’émotion.