Virgin Mojito - Bobine & pop corn
« Virgin Mojito »
NIELMAN Louison, Éd. Le Muscadier,2025, 111 p
L’été est là et bien là. Le soleil et la plage forment le décor des premiers amours adolescents. Mais le risque est toujours là de transformer les belles rencontres en relations sordides.
Salomé retrouve Nabil, comme chaque année. Des copains d’enfance, à la vie et la mort. Mais cette fois-ci, il y a un changement. Elle cherche autre chose, en rapport avec cette sensibilité nouvelle qu’elle sent émerger en elle depuis quelques mois. Mais, si elle veut faire vivre ce feu qu’elle ressent au plus profond d’elle, ce ne sera pas avec Nabil. Lui, c’est l’ami de toujours sur qui elle peut compter. Mais elle n’en est pas amoureuse.
Sa première idylle, elle va la tisser avec Achille, venu camper avec ses parents pendant trois semaines. Avec délicatesse et pudeur, l’auteure décrit l’attirance, les maladresses, les émotions que vont éprouver les deux jeunes gens, l’un pour l’autre. Evitant tout style mielleux à l’eau de rose, elle explore cet amour d’été qui les fait vibrer tous les deux. Tout serait merveilleux dans ce tableau touchant et sensible, s’il n’y avait pas ces curieux va et vient de Clémence, la cousine d’Achille dans ces cabanons abandonnés au milieu des dunes.
L’adolescente, âgée comme Salomé de 14 ans, s’est laissée entraîner à des pratiques sexuelles tarifées avec des garçons. Cela a commencé dans les toilettes du collège. Et elle a continué sur son lieu de vacances. Passe après passe, ses économies s’accumulent, la rapprochant de l’acquisition du dernier portable à la mode dont elle rêve.
Bien sûr, l’on retrouve tout au long de ces pages, des comportements sans scrupules de jeunes mâles héritiers de cette tradition patriarcale de domination et de consommateurs de sexe. Mais en réaction, une sororité bienveillante va pousser Salomé à réagir face à Clémence Une fois de plus, les adultes n’apparaissent qu’en tant que vagues éléments du décor ambiant. Et les vraies actrices sont les deux héroïnes de l’intrigue, démontrant combien la réactivité et la solidarité entre paires restent une ressource essentielle face à l’adversité.
« Bobine & pop corn »
VIGIER Patricia Éd. Le Muscadier, 2025, 85 p.
Comment réussir à aller au-delà de la différence, quand des élèves de collège côtoient une section SEGPA ? Vaste question qu’explore avec bonheur ce récit.
Les scènes présentées d’emblée ne sont guère exceptionnelles. Il est tentant de se moquer des difficultés apparentes ou supposées d’adolescent(e)s apparaissant plus fragiles. Surtout quand, soi-même, on se sent mal-aimé dans sa propre famille. Albin s’en prend aux élèves de SEGPA, comme autant de boucs-émissaires de sa rage. C’est plus particulièrement Emilie à qui il destine ses moqueries, ses insultes, ses bousculades … faisant rigoler au passage Karlos et Lucas, ses deux complices.
Tout est bon pour la rabaisser et la stigmatiser. Les adultes ne semblent pas toujours prendre la mesure de ce qui est en jeu. Et quand, enfin, ils réagissent, ils n’obtiennent pas l’apaisement attendu. Même les convocations d’Albin chez le conseiller principal d’éducation n’y font rien. Jusqu’au jour où l’adolescente, paralysée par l’angoisse, refuse de retourner en classe. Scène malheureusement classique d’un harcèlement scolaire, fléau contre lequel l’Education nationale commence enfin à réagir.
Cet absentéisme scolaire sera l’occasion pour le reste de la classe de livrer enfin leurs témoignages de ces vexations vécues au quotidien. Certes, Albin finira par être exclu de l’établissement. Ce qui ne réglera au final rien de sa propre problématique. Mais la démarche entamée par l’enseignante affectée à la SEGPA, à la fois originale et efficace, conduira à une vraie rencontre entre les élèves de ce collège, qu’ils soient dans la norme ou pas. Il est parfois des actions pédagogiques qui permettent de valoriser les plus vulnérables. Il ne faut pas les négliger.