Les matriarches
FERROUKHI Nadia, Éd. Albin Michel, 2021, 176 p.
Depuis 2008, Nadia Ferroulki sillonne le monde à la rencontre de ces communautés de matriarches dont l’ossature sociale est exempte de domination masculine. Des grand-mères, des mères et des filles ont établi des règles de fonctionnement, sans passer par la loi des hommes, sans pour autant les asservir. Ce sont les Moso, minorité ethnique chinoise qui ignore la fidélité et la jalousie dans les relations homme/femme, l’autorité du géniteur disparaissant derrière celle de l’oncle maternelle, seule figure masculine signifiante pour les enfants. La paternité biologique est bien reconnue chez les Minangkabau de Sumatra, sans que pour autant ce statut n’interfère dans l’ordre social qui reste aux mains des femmes. Au pied du mont Kenya, des femmes Samburu ont fondé Tumai, un village interdit aux hommes, regroupant celles d’entre elles ayant subi mutilations génitales, mariages forcés, répudiations ou viols. Tout s’y décide, par main levée et démocratie participative. Dans le Zapotéca mexicain, les hommes sont présents. Mais, l’héritage se transmets de mère en fille. Chez les Touaregs, c’est aussi la femme qui est propriétaire de la tente et du bétail et qui choisit son mari. En Guinée Bissau, le conseil des femmes gère la communauté, en faisant attention qu’aucune de ses membres n’ai trop de pouvoir. Autant d’illustrations démontrant que ce patriarcat où les hommes prennent toute la lumière n’est pas une fatalité.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1312 ■ 01/03/2022