La fabrique de l’enfant transgenre

ELIACHEFF Caroline, MASSON Céline, Éd. de l’Observatoire, 2022, 108 p.

En près de dix-quinze ans, le diagnostic de dysphorie de genre a augmenté de 1 000 à 4 000 %, passant de dix demandes par an … à dix demandes par mois. Emergence de besoins jusque-là étouffés ou mystification collective ? Si les auteures s’interrogent sur une banalisation qui a transformé un symptôme psychique à entendre et à interroger en un simple fait social à accompagner, elles s’inquiètent pour l’accès donné à la transition de genre pour les mineurs, dès 11 ans : changement du prénom d’origine, blocage de la puberté, prise d’hormones, modification de l’apparence … L’enfant n’est pas un adulte en miniature qui pourrait s’autodéterminer librement. C’est un être en développement, dont les capacités cognitives et intellectuelles sont immatures, le système neuronal est en pleine croissance, le fonctionnement psychique est labile et l’expérience de vie est limitée. D’une grande suggestibilité, les conseils des blogs militants qui lui démontrent que son mal-être est lié à sa transidentité et que ses parents sont dans la maltraitance, dès lors où ils ne lui permettent pas d’opérer sa transition, relèvent d’un embrigadement de types sectaire, affirment les auteures. Préserver le temps long de la décision est-il synonyme d’une attente insupportable ou d’une réflexion sans précipitation permettant une introspection détachée de l’influence d’un environnement sous influence ? Alors que nombre d’adolescents, en plein remaniement, s’interrogent sur leur orientation de genre, faut-il enfermer leur quête dans le diagnostic de dysphorie ? La société est passé à côté de la génération 1970 catalysant son malaise dans la toxicomanie. Va-t-elle en faire de même en privilégiant le ressenti immédiat et la transition, rendant difficile le choix ultérieur de changer d’avis ?

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1325 ■ 18/10/2022