De l’éducation des autistes déficitaires

Gloria Laxer, érès, 1997, 214 p.

L’auteur commence son propos par une mise-en-garde : “ contrairement à ce que le cinéma (avec Rain Man) ou certaines publications pourraient le laisser croire, la majorité des autistes est sévèrement handicapée ” (p.11) Compréhension très faible, agression ou automutilation comme seule mode de communication, retard moteur important, déglutition primaire, vision centrale inexistante … le tableau ainsi dressé est sévère. Quant aux performances, elles sont a  priori disparates. Par où donc commencer pour aider l’enfant en souffrance et sa famille elle-même le plus souvent en grande détresse ? Il s’agit d’aller à la rencontre d’un être en provenance d’une planète inconnue et de lui fournir les moyens d’intégrer notre société. Pour lui permettre de progresser, il faut une guidance attentive et une éducation hyperadaptée. Gloria Laxer nous fournit dans cet ouvrage un véritable manuel d’intervention qui nous décrit étape après étape le combat de tous les instants qui permet de mener la personne autiste déficitaire sur les chemins de l’autonomie. Dans un premier temps, il faut partir d’un bilan initial particulièrement soigné : médical, psychiatrique, psychologique, neurologique, génétique. Cette phase permettra d’élaborer un projet éducatif  visant à développer la motricité générale, la motricité fine, le nourrissement, sans oublier le développement perceptif (visuel, cognitif, langagier, psychosocial) : toutes capacités que l’être humain doit acquérir, qui manque chez l’enfant autiste et que l’on va chercher à lui faire s’approprier. Ainsi de l’exemple de Marc qui n’arrive pas à mettre sa chemise. Tous les aspects vont être abordés : mauvaise compréhension du message, difficultés à coordonner les mouvements des mains et des doigts ou à s’orienter spatialement, confusion entre le devant et le derrière ? Un schéma  unique d’apprentissage va alors être conçu en collaboration entre les professionnels et la famille  pour lui permettre d’acquérir ce geste de la vie courante : chemise placée toujours au même endroit, ordres simples, accompagnement du placement des mains. C’est grâce à de tels exercices répétitifs, progressifs et inlassables que les mécanismes de socialisation seront intégrés. Tout autiste est capable d’apprendre si l’on sait trouver le chemin qui mène à sa progression, en respectant les périodes d’avancée, de maturation, de stagnation voire de régression sur un temps nécessairement long mais qui mène à l’autonomie personnelle, domestique, sociale et professionnelle.

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°435 ■ 29/03/1998