GARDIEN Ève (sous la direction), Ed. érès, 2013, 264 p.

Concevoir une société inclusive pensée par les personnes elle-même porteuses de handicap, beaucoup en ont rêvé, ils l’ont mis en application. Ils ? Des promoteurs d’innovation sociale qui démontrent qu’une prise de conscience est en train d’émerger et qu’un regard nouveau se développe sur la perception de la différence au cœur de la condition humaine. Ils partagent tous les mêmes convictions : la dignité, l’égale valeur, l’autodétermination, la vie en milieu ordinaire, l’autonomie, la participation, l’autodétermination, l’égalité des droits, l’engagement et la contribution à la société. Ève Gardien a réuni près d’une quinzaine de contributions récoltées aux quatre coins du monde. On y parle de l’action de la Coordination Handicap et Autonomie, créée en France en 2002, et qui revendique, entre autres, la possibilité d’un accompagnement sexuel pour les personnes vivant une déficience ; mais aussi ces associations hongroises revendiquant leur droit à faire leurs propres choix, y compris à travers le vote ; sans oublier ces américains réactivant la lutte pour les droits civiques des années 1960-1970, mais cette fois-ci étendue … aux personnes avec handicap. On y croise ces suédois se battant pour permettre à ces populations de vivre hors les murs ; mais aussi ce groupe d’entraide de femmes bengalis souffrant de déficience. Entre le « membre-ressource » mis à disposition d’un groupe d’usagers lui faisant appel et le mouvement du « rétablissement » qui valorise l’expérience de la personne éprouvée en en faisant un atout pour aider ses pairs, la mobilisation des hommes-citoyens-patients ne semble pas prête de s’épuiser. Tout au contraire, elle s’étend et se renforce. Ce n’est plus l’égalité qui est revendiquée, mais la capacité de toute personne à déterminer le cours de sa vie, pour peu qu’elle bénéficie d’un soutien pertinent.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1133 ■ 23/01/2014