Faut-il avoir peur du hashish? Entre diabolisation et banalisation: les vrais dangers pour les jeunes

AQUATIAS Sylvain, MAILLARD Isabelle, ZORMAN Michel, Syros, 1999, 225 p.

Livre après livre, les connaissances apportées sur le cannabis s’accumulent et se confirment, tentant de faire reculer les tabous et les préjugés. Mais le combat est loin d’être gagné, tant l’ignorance crasse domine. Cet ouvrage écrit à trois voix contribue à rétablir un certain nombre de faits. Pendant des milliers d’années, les plantes modifiant le degré de conscience ont été utilisées. Mais c’était à des fins thérapeutique, magique, divinatoire et même meurtrière. Ce n’est qu’avec l’ère industrielle qu’émerge son utilisation pour le plaisir individuel. L’introduction du cannabis est le fait des soldats de Napoléon. Il est resté autorisé en privé jusqu’en 1970 et largement utilisé tout au long de XIXème siècle aux côtés de l’opium et de l’éther comme stimulant de la créativité artistique. Nombreuses sont les rumeurs et les préjugés.

Non, le hashish n’implique pas un désinvestissement, ni un désintérêt et n’empêche pas, même fumé régulièrement, d’avoir un travail stable et une vie sociale équilibrée. Oui, sa toxicité est faible et la notion de dose mortelle ne le concerne pas. Non, le fait de fumer un joint ne fait pas de vous une proie facile pour les dealers. Oui, il est avant tout un adjuvant pour la sociabilité de groupe. Non, les Pays-Bas, en dépénalisant  cette substance n’ont pas été submergés par les drogués. Tout au contraire le nombre de toxicomanes est moindre qu’en France (1,6 pour mille, contre 2,4 à 2,6 pour mille dans notre pays et  2,7 pour mille en moyenne en Europe). De plus, la consommation de cannabis, pourtant en vente libre, n’a pas augmenté en quantité depuis 20 ans, l’âge moyen du consommateur est en hausse et la demande de produits durs stagne. Oui, la prévention est scandaleusement sous-estimée en France avec un budget de 50 millions de Francs sur les 5 milliards, le reste des crédits étant consacré uniquement à la répression. Non, fumer un joint n’est plus un acte transgressif, car cette pratique s’est progressivement banalisée. Oui, la loi de 1970 est une loi d’exception puisqu’elle s’immisce dans la vie privée, cherchant avant tout à préserver un ordre social et moral. Non, l’intense pratique sportive n’est pas une garantie de non-consommation de tabac, d’alcool et de hashish, mais un facteur qui la favorise. Oui, la marijuana est un remède contre l’ennui et la déprime. Non, ce n’est pas là un comportement à risque. Le sport fait bien plus d’accidents. Seulement ce dernier est moins stigmatisé parce qu’il reste sous le contrôle des adultes et ne permet pas aux plus jeunes de s’émanciper de leur autorité. Oui, la meilleure prévention reste une éducation à la responsabilité : les enfants qui acquièrent auprès de leurs parents une identité positive sont ceux qui ont les consommations les moins importante.  

 

Jacques Trémintin - LIEN SOCIAL ■ n°531  ■ 11/05/2000