Pascal VIVET, Les essentiels de Milan, 1998, 64 p.

 
La littérature portant sur la question de la maltraitance a donné lieu à une notable profusion. C’est un peu comme si, depuis une quinzaine d’années, notre pays avait voulu rattraper l’important retard qu’il avait accumulé en la matière. Objet pendant très longtemps de déni sinon de dédain, ce thème a fourni des milliers de pages en provenance tant des chercheurs que des acteurs de terrain ou des victimes. Même si la qualité de ces travaux et témoignages l’emporte le plus souvent et ne peut qu’encourager à faire le détour, on peut légitimement ressentir un certain vertige face à cette marée de parutions. C’est pourquoi, le petit opuscule de Pascal Vivet apparaît à la fois pertinent et bienvenu. Il est édité dans la collection «Les essentiels Milan » qui à l’image des « Que sais-je ? » présente un fascicule par sujet (« Les enfants maltraités » portant le numéro 113). Sur 63 pages, l’auteur propose une synthèse intelligente et bien conçue sur la maltraitance. Définitions, analyse portant sur les auteurs de ces violences (en y incluant les institutions), rappel du dispositif de protection de l’enfance en danger et présentation de la prévention et du soin … il est bien difficile parfois de dire l’essentiel sans faire l’impasse sur certains aspects importants, d’être simple sans être simpliste, d’apporter un maximum d’outils tout en restant accessible au plus grand nombre. Pascal Vivet s’en sort fort bien dans ce numéro d’équilibriste. Il a su éviter un travail qui se serait limité à condenser les ouvrages déjà existants. Il offre au lecteur une vision originale et vivante sur une question qu’il connaît particulièrement bien. La mise en page, les illustrations, les dessins, le style (qui évite le jargon professionnel) font tout d’abord de ce livre un document agréable à lire. Mais, c’est aussi un outil pratique pouvant être facilement utilisé comme support très efficace à toute action d’information ou de formation. Son prix modique devrait faciliter sa diffusion. Les éditions Milan ont en outre prévu une réactualisation régulière permettant d’intégrer dans les nouvelles réimpressions toute modification de la législation ou toute évolution significative des connaissances dans le domaine concerné. « Aux enfants de l’ombre, il faut dire qu’il existe de la lumière, que c’est difficile de vivre avec des fractures d’enfance, que c’est compliqué de soigner ses propres souffrances mais que c’est possible. Les promesses de l’aube émergeront avec de la tendresse, de la technique, du soin, de la justice, de l’amour. Ces enfants deviendront de vrais parents pour leurs propres enfants. Rien n’est inéluctable. » (p.57) nous explique Pascal Vivet. Son ouvrage prendra sa place dans le combat ainsi engagé. Qu’il puisse nous permettre à toutes et à tous de renforcer la prise de conscience qui s’est opérée et qui doit se poursuivre sur des bases claires et transparentes.
 

Jacques Trémintin – Mars 1999